L’Egypte sous haute détention

Lors de manifestations pour la libération du journaliste Ahmed Ramadan, au Caire le 17 août.

Sous prétexte de lutte contre le terrorisme, les forces de l’ordre arrêtent illégalement et torturent des centaines de jeunes soupçonnés de près ou de loin d’accointances islamistes.

En Egypte, les détentions illégales sont une sorte de loterie : elles ne durent souvent que quelques jours, mais parfois beaucoup plus. Après quatre jours d’interrogatoires et dix-huit d’emprisonnement, Ahmed Khattab, un étudiant égyptien de 25 ans, a été remis en liberté. Il estime s’en être bien tiré. «J’ai eu de la chance. On m’a peu torturé : les décharges électriques qu’on m’a appliquées n’ont duré qu’une fraction de seconde, et on ne m’y a soumis qu’une fois. Et puis le deuxième interrogateur que j’ai eu était relativement poli. Il m’a même laissé son numéro de téléphone… Il me disait : "Ce que vous ne voulez pas comprendre, c’est qu’on n’en a pas après vous, mais après les Frères"», explique ce membre du Mouvement du 6 avril, un groupe d’opposition situé à gauche de l’échiquier politique.

Son compagnon de cellule, un lycéen de 17 ans, enlevé au domicile d’un ami, a eu moins de chance. Membre d’une famille dont certains membres ont des sympathies islamistes, il était apparemment recherché. «Il a été torturé pendant au moins cinq jours. Ça me brisait le cœur de le voir revenir des interrogatoires si mal en point qu’il pouvait à peine se tenir debout», raconte Ahmed Khattab, qui n’a jamais vraiment compris pour quelles accusations précises le jeune homme était détenu. «Sa famille a été autorisée à payer une caution. Et le meilleur : début août, le parquet a perdu son dossier ! Affaire classée», raconte l’étudiant.

De telles histoires sont de plus en plus fréquentes. Depuis le début de l’année, les organisations de défense des droits de l’homme ont recensé au moins 500 cas de détentions illégales (arrestations par les services de renseignement, disparitions pendant plusieurs jours, tortures). «Il s’agit surtout d’islamistes, ou de jeunes de familles aux tendances islamistes, (...)

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