L’Australie va accueillir un club de Papouasie dans son championnat de rugby pour faire barrage à la Chine
Six cents millions de dollars australiens, soit 367 millions d’euros… “Les supporteurs fêtent l’obtention d’une équipe dans la NRL pour la Papouasie-Nouvelle-Guinée”, triomphe, en page de une, The Sydney Morning Herald (SMH) en date du vendredi 13 décembre.
La NRL, c’est la Ligue nationale de rugby, une compétition interclubs de rugby à XIII qui regroupe seize équipes australiennes et une formation néo-zélandaise. Elle appartient au magnat de la presse Rupert Murdoch, propriétaire du même SMH – d’où une couverture plutôt enthousiaste de cette information par le quotidien.
Annoncée ce jeudi 12 décembre, la somme promise par Canberra, sur une durée de dix ans, doit permettre à la Papouasie-Nouvelle-Guinée de composer une équipe à même de rivaliser avec l’élite du rugby australien à partir de 2028. Des accords en ce sens avaient été révélés en octobre.
Préoccupations cachées
“C’est vraiment un événement majeur, commente John Kewa, le président de l’Association culturelle papousienne-néoguinéenne de Sydney, interrogé par le SMH. La ligue sera un facteur d’union pour les nombreuses tribus et régions. Je pense que tout va s’améliorer grâce à cela.” Le rugby à XIII est le sport officiel de l’archipel à forte majorité chrétienne, rappelle-t-il.
“Je ne veux pas être sacrilège, mais le rugby est bien notre deuxième religion.”
Mais derrière ces belles intentions, le gouvernement australien poursuit des préoccupations plus prosaïques, sur lesquelles le SMH passe rapidement : “L’accord comprend une clause échappatoire qui permet au gouvernement australien de le résilier immédiatement si la Papouasie-Nouvelle-Guinée conclut un pacte de sécurité ou de police avec la Chine ou avec toute autre nation rivale au cours de la prochaine décennie.” Pour Canberra, il s’agit donc, d’abord, d’une manœuvre stratégique à long terme dans son ancienne colonie, convoitée par Pékin, avec ses propres promesses d’investissements.
À Port Moresby, la capitale papouasienne, “beaucoup de monde accueille favorablement cette nouvelle passionnante, note le site de la chaîne publique ABC News. Mais d’autres estiment que tout cet argent investi dans la création d’une équipe pourrait être mieux dépensé dans la santé, l’éducation et la justice.” La Papouasie-Nouvelle-Guinée est classée 157e sur 190 pays en matière d’Indice de développement humain. L’Australie est cinquième.
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