L’attitude des insoumis à l’Assemblée pendant le discours de Michel Barnier n’a pas plu à Olivier Faure
Le Premier secrétaire du PS n’a pas apprécié que les députés LFI affichent vigoureusement leur hostilité au Premier ministre.
POLITIQUE - Pour leur retour dans l’hémicycle, les députés de La France insoumise avaient tout prévu. Mardi 1er octobre, à peine Michel Barnier avait-il commencé à prendre la parole pour son discours de politique générale que les membres du groupe présidé par Mathilde Panot ont brandi leur carte d’électeur. Une mise en scène destinée à rappeler que le Premier ministre, issu d’une formation politique qui n’a envoyé que 47 élus au palais Bourbon, est « illégitime » à gouverner. « Notre carte d’électeur est le symbole des élections volées au peuple », expliquait à la sortie de la séance le député LFI René Pilato.
Face à l’Assemblée, Michel Barnier poursuit le « en même temps » macroniste (en ménageant le RN)
Un happening dont les insoumis sont coutumiers : à l’Assemblée, leur stratégie politique repose sur l’agitation bruyante et visible afin d’attirer le regard et ainsi mettre la lumière sur ce qu’ils jugent mériter.
Montre « que demain, nous pouvons diriger ce pays »
Sauf que ce comportement ne plaît pas à tout le monde. Invité de Sud Radio ce mercredi 2 octobre, le Premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure a regretté que « dans l’expression des Insoumis, la forme emporte le fond ». « Malheureusement, ça ne sert personne : ça ne les sert pas eux, ça ne sert pas la gauche. Si demain Michel Barnier devait être censuré, nous devons faire la démonstration que nous sommes prêts à prendre le pouvoir. Cela suppose que nous ayons un comportement qui corresponde à cet état d’esprit. Si nous donnons l’impression d’être en permanence en happening, les gens considéreront que nous sommes incapables d’être aux commandes », a plaidé le patron des rose.
Soucieux que le Nouveau Front populaire, arrivé en première position aux élections législatives, conserve une forme de « crédibilité », Olivier Faure entend montrer « que demain, nous pouvons diriger ce pays ». « Je souhaite que toute la gauche avance en ayant le désir réel de gouverner et pas simplement de témoigner », a-t-il insisté au micro de Jean-Jacques Bourdin.
Faure céderait aux pressions internes
Naturellement, ces propos n’ont pas plu aux principaux visés. « Quand Olivier Faure est sous pression des droitiers du PS qui préparent leur prochain congrès, il s’en prend aux insoumis, s’est agacé le député LFI Paul Vannier. Il devrait affronter (enfin) ses adversaires plutôt que nourrir l’agenda de Hollande et des diviseurs du NFP ».
Tout au long du discours de Michel Barnier, qui a duré près d’une heure et demie, les insoumis se sont montrés très vindicatifs, n’hésitant pas à couper la parole au Premier ministre pour lancer « Tout pour les riches ! », « Macron destitution », « Il était meilleur Gabriel Attal » ou « Du balai ! » Une attitude qui tranche avec celle du Rassemblement national qui, à l’autre bout de l’échiquier politique, s’est montré mutique.
Comme Olivier Faure, sur BFMTV, François Hollande a lui aussi pris ses distances avec les députés LFI. « Il y a toujours eu une gauche radicale, agressive, révolutionnaire, insurrectionnelle », a réagi le député de la Corrèze, qui vient de publier un livre sur l’histoire de la gauche depuis l’affaire Dreyfus. Au petit matin, une bonne partie des éditorialistes se sont également montrés très critiques du comportement des insoumis, à l’image d’Alba Ventura sur TF1, qui a parlé « des mal élevés de la République », et de Patrick Cohen sur France Inter, qui a dénoncé « un climat insupportable et scandaleux ». Pas sûr que cela soit de nature à faire rentrer les insoumis dans le rang.
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