« L’Armée rouge a utilisé une violence extrême pour maintenir les hommes au combat »
C'est une armée qui aura connu, dès ses trente premières années d'existence, nombre de bouleversements. Par sa naissance en pleine guerre civile, sa capacité à encaisser des pertes importantes pendant sa grande guerre patriotique contre la Wehrmacht sans jamais s'effondrer, l'Armée rouge fascine et continue d'inspirer.
L'historien et journaliste Jean Lopez a regroupé des articles et des témoignages publiés dans la revue Guerres & Histoire, dont il est rédacteur en chef, auxquels il a ajouté des contenus inédits – analyses, témoignages, photos, cartes, infographies – pour concevoir L'Armée rouge, innovatrice, libératrice, prédatrice. L'ouvrage raconte le parcours de l'institution militaire la plus originale du XXe siècle, « qui a bouleversé l'art de la guerre ».
Le Point : Votre livre L'Armée rouge a comme titre secondaire les adjectifs innovatrice, libératrice, prédatrice. Pourquoi ?
Jean Lopez : Innovatrice car, dans les années 1920-1930, elle a, sur un plan intellectuel, complètement bouleversé l'art de la guerre. Sous l'impulsion de l'un de ses principaux enseignants des académies militaires, Alexandre Svetchine, l'Armée rouge accouche d'une nouvelle discipline qu'on appelle l'art opératif, qui se donne pour objectif de mettre la tactique, c'est-à-dire les combats, au service de la stratégie. Un officier soviétique, quand il veut décider une opération, ne perd jamais de vue le chemin global qu'a dessiné la stratégie vers la victoire.
Libératrice, car on ne [...] Lire la suite