L’argent, une obsession expliquée par la science

“Comment l’argent agite notre cerveau”, titre Visão. L’hebdomadaire illustre la couverture de son édition du jeudi 5 septembre d’une coupe transversale de tête humaine, avec un cerveau dont les différentes parties sont stimulées par des mots parfois obsédants : “achats”, “épargne”, “investissements”, “jeux”. Ce sont précisément les mécanismes cérébraux impliqués dans la prise de décisions financières que décortique le journal portugais dans ses pages, neurosciences et psychologie à l’appui.

“Rien n’excite plus le cerveau que l’argent – même les corps nus ou les cadavres n’excitent pas les gens à ce point”, constate Brian Knutson, professeur de psychologie et de neurosciences. Pour preuve, une étude menée par l’université Harvard a constaté qu’un gain financier produisait une réaction similaire à la prise de cocaïne : “Dans les deux cas, le circuit de récompense du cerveau, qui implique l’instinct, la cognition, la motivation et la mémoire, était en jeu, de même que la libération de doses généreuses de dopamine dans le noyau accumbens [une région du cerveau riche en récepteurs à dopamine].”

Pics de plaisir et manque d’empathie

Le sexe, la drogue, le chocolat et donc l’argent, entre autres, déclenchent les mêmes mécanismes, qui se traduisent par des pics de plaisir, d’euphorie. Mais l’argent – “cible privilégiée de nos projections depuis l’Antiquité, idolâtrée par les uns, diabolisée par les autres”, précise Visão –, influence aussi notre comportement à mesure qu’on en possède. C’est en tout cas la conclusion, relayée par l’hebdomadaire, de plusieurs études menées par le psychologue social américain Paul Piff :

“À mesure que le niveau de richesse augmente, la compassion et l’empathie diminuent et les sentiments de droit et de valeur augmentent, avec une tendance à donner la priorité à l’intérêt personnel.”

On apprend enfin que notre rapport à l’argent dépend aussi de notre expérience personnelle, de la “loterie d’événements” dont nous sommes le fruit, “car notre patrimoine génétique dicte une partie de notre fonctionnement”, explique Manuela Grazina, neuroscientifique à l’université de Coimbra : “Un circuit de la récompense déséquilibré, que ce soit en raison d’une vulnérabilité génétique – qui compte pour plus de 40 % dans le développement des dépendances – ou en raison d’échecs affectifs qui altèrent le cortex préfrontal, peut être à l’origine d’une relation aberrante et incontrôlée à l’argent.”

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