L’Arctique pourrait être privé de glace de mer en été d’ici 2030, et le processus est inexorable

L’Arctique pourrait être privé de glace de mer en été dès les années 2030, selon une étude publiée ce mardi 6 juin dans « Nature Communications ».
L’Arctique pourrait être privé de glace de mer en été dès les années 2030, selon une étude publiée ce mardi 6 juin dans « Nature Communications ».

CLIMAT - Il est déjà trop tard. L’Arctique pourrait être privée de glace de mer en été dès les années 2030, soit bien plus tôt qu’estimé par le Giec jusqu’à présent. Et ce, même dans un scénario de faibles émissions de gaz à effet de serre, affirment des chercheurs dans un article publié ce mardi 6 juin dans la revue Nature Communications.

Des scientifiques basés en Corée, au Canada et en Allemagne ont utilisé des données d’observation des années 1979–2019 pour effectuer des nouvelles simulations. « Les résultats indiquent que le premier mois de septembre sans glace de mer interviendra dès les années 2030-2050, quels que soient les scénarios d’émissions », concluent-ils. Septembre est utilisé comme comparatif, car c’est le mois durant lequel la glace atteint habituellement son minimum annuel.

Et ce sera encore plus tôt si nos émissions diminuent trop lentement ou continuent d’augmenter. Le premier été sans glace pourrait avoir lieu dans les années 2030. « C’est environ une décennie plus tôt que les récentes projections du Giec », le groupe d’experts du climat mandaté par l’ONU, souligne Seung-Ki Min, des universités sud-coréennes de Pohang et Yonsei, co-auteur de l’article.

Les activités humaines mises en cause

Lorsque les experts parlent d’absence de glace, cela veut dire une surface inférieure à 1 million de km2, car il pourra toujours rester de la glace résiduelle le long des côtes. L’océan Arctique représente une superficie d’environ 14 millions de kilomètres carrés et est recouvert de glace une majeure partie de l’année.

Les chercheurs estiment aussi que le déclin de cette glace peut être attribué essentiellement aux émissions de gaz à effet de serre, les autres facteurs (aérosols, activité solaire et volcanique...) étant bien moins importants.

La glace de mer, qui forme la banquise, est faite d’eau salée à la surface d’un océan, qui a gelé sous l’effet du froid. Sa fonte ne cause pas directement d’élévation du niveau des océans (contrairement à celle de la calotte glaciaire et des glaciers) mais a malgré tout des conséquences néfastes.

« Nos mises en garde n’ont pas été écoutées »

En effet, cette glace joue un rôle très important en été, en renvoyant les rayons du soleil, ce qui permet de rafraîchir l’Arctique. Ce miroir est aujourd’hui de plus en plus petit, et l’Arctique se réchauffe donc beaucoup plus vite que d’autres régions.

« Ce sera le premier composant majeur de notre système climatique que nous perdons à cause de nos émissions de gaz à effet de serre », souligne Dirk Notz, de l’université de Hambourg, un autre co-auteur de l’étude. « Les scientifiques ont alerté sur cette disparition pendant des décennies et c’est triste de voir que ces mises en garde n’ont pour l’essentiel pas été écoutées », regrette-t-il.

La disparition de la glace « accélérera le réchauffement arctique, ce qui peut augmenter les événements météorologiques extrêmes aux latitudes moyennes, comme les canicules et les feux de forêts », remarque Seung-Ki Min. « Cela peut aussi accélérer le réchauffement mondial, en faisant fondre le permafrost, ainsi que la montée du niveau des océans en faisant fondre la calotte glaciaire du Groenland », ajoute le chercheur.

Dirk Notz espère maintenant que les décideurs politiques prêteront attention aux conclusions des chercheurs « pour qu’on puisse au moins protéger les autres composants de notre système climatique, en limitant le réchauffement futur autant que possible ».

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