L’ami russe, un casse-tête pour le président serbe
La Serbie négocie depuis des années son adhésion à l’Union européenne, tout en persistant à maintenir d’excellentes relations économiques et politiques avec la Russie et la Chine. Mais la guerre en Ukraine a rendu cette position intenable. Depuis début mars, le président serbe, Aleksandar Vucic, doit composer avec les pressions occidentales l’invitant à condamner l’agression russe contre l’Ukraine et le sentiment prorusse de la majorité de la population serbe.
Le 2 mars, un mois avant les élections générales, la Serbie a condamné à l’Assemblée générale de l’ONU l’agression russe contre l’Ukraine, puis voté, après les élections, en faveur de l’éviction de la Russie du Conseil des droits de l’homme, tout en refusant de se joindre aux sanctions occidentales contre Moscou, rappelle le journal de Belgrade Politika.
Un vote “sous une énorme pression”
Selon le quotidien proche du gouvernement serbe, “l’Occident aurait menacé la Serbie de ne plus l’exempter du paquet des sanctions concernant les importations du pétrole russe (dont la Serbie dépend) entrant en vigueur le 15 mai, et de mettre les obstacles sur sa voie européenne si elle ne votait pas l’éviction de la Russie du Conseil des droits de l’homme”. Le président serbe a fini par céder, “sous une énorme pression”, selon ses propres mots : la Serbie a voté pour, alors qu’elle devait initialement s’abstenir.
Toutefois, le pragmatique Vucic continue à jouer sur tous les tableaux : “Il a annoncé l’achat de Rafale français et de missiles antiaériens chinois. Tout en évitant de condamner les crimes de l’armée russe en Ukraine, il surprend par sa critique de la propagande de Moscou autour de l’Ukraine, la comparant à celle de l’Otan lors de son intervention en Serbie, en 1999”, rapporte Politika.
“Bien que Vucic continue de parler des liens traditionnels et de la fraternité entre les peuples serbe et russe, deux votes de la Serbie aux Nations unies signent la prise de distance avec Poutine. La conversation entre les deux présidents après la réélection de Vucic n’a rien changé. En politique, comme dans la vie, certaines réactions sont dictées par la force majeure”, estime Vreme, de Belgrade.
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