Sur l’AME, ces soignants ne décolèrent pas après les déclarations de Bruno Retailleau

Pour le nouveau ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, il n’y a « ni tabou, ni totem » autour de la suppression de l’AME.
Bloomberg / Bloomberg via Getty Images Pour le nouveau ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, il n’y a « ni tabou, ni totem » autour de la suppression de l’AME.

SANTÉ PUBLIQUE - Sauvegardée dans la dernière mouture de la loi immigration, l’Aide médicale d’État (AME) pourrait ne pas survivre au gouvernement Barnier. Dès dimanche, lors de sa prise de parole sur France 2, le nouveau Premier ministre a assuré qu’il n’y avait « ni tabou, ni totem » autour de la suppression de l’AME, qui garantit aux étrangers en situation irrégulière en France la prise en charge gratuite de certains soins médicaux, sous conditions. « Il y a simplement le souci de traiter cette question avec fermeté et avec humanité », a ajouté Michel Barnier.

La suppression de l’AME est « un non-sens éthique et humain », dénoncent ces médecins généralistes

De son côté, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau s’est prononcé lundi 23 septembre au 20 heures de TF1 pour une refonte de l’AME en « aide médicale d’urgence ». Derrière cette décision, une volonté : celle de faire baisser l’immigration en France. « On a un souci, c’est que nous sommes l’un des pays européens qui donne le plus d’avantages Je ne veux pas que la France se singularise, que la France soit le pays le plus attractif d’Europe pour un certain nombre de prestations sociales et d’accès au soin », a déclaré Bruno Retailleau.

Supprimer l’AME, un « naufrage moral »

Pour les soignants, qui sont au contact de patients bénéficiant de l’AME, les prises de position de Michel Barnier et du ministre de l’Intérieur sont non seulement contraires à « toute éthique médicale », mais également dangereuses en matière de santé publique. Sur le réseau social X, nombreux sont ceux à avoir pris la parole pour dénoncer ce procès fait à l’Aide médicale d’État et surtout à ses bénéficiaires.

Sous le pseudonyme Dr Zoé, une médecin généraliste a ainsi rappelé que l’« AME est un tout petit budget pour la sécu » et que la supprimer coûterait davantage à l’État.

Le médecin et enseignant-chercheur français Philippe Froguel dénonce pour sa part le « naufrage moral » et la « bombe sanitaire à retardement » que constituerait la suppression de l’AME, tandis que l’oncologue Anthony Gonçalvès y voit un moyen de flatter l’électorat du Rassemblement national.

Une mesure « complètement stupide » pour François Braun

La question de l’éventuelle suppression de l’AME mobilise même contre elle certains macronistes, à commencer par le médecin urgentiste François Braun. Interrogé par BFMTV, l’ancien ministre de la Santé dans le gouvernement d’Élisabeth Borne a déclaré qu’une telle mesure serait « complètement stupide pour la santé publique mais aussi pour les finances de l’Assurance maladie ».

Affirmant que l’accès aux soins pour tous est « un droit inaliénable », François Braun fait aussi valoir que « refuser de soigner des gens qui ont des pathologies chroniques, c’est in fine arriver à des maladies qui se compliquent, (ce qui) coûtera beaucoup plus cher ».

Un point de vue partagé par le médiatique président du syndicat UFLM, le médecin généraliste Jérôme Marty.

Sur X, lui aussi a rappelé que la suppression de l’AME provoquera une « rupture du soin ». « En urgence, ce seront des patients de tous âges et avec des pathologies bien plus graves qui devront être pris en charge, mobilisant les équipes, pour un coût humain et économique bien plus grand », ajoute-t-il.

À voir également sur Le HuffPost :

Michel Barnier, pris en étau entre les lignes rouges de chacun, pourra-t-il vraiment avancer ?

Bruno Retailleau veut « prendre tous les moyens » pour « baisser l’immigration en France »