L’allocation de rentrée scolaire suscite toujours des critiques (pourtant infondées)

L’allocation de rentrée scolaire suscite toujours des critiques pourtant infondées (photo d’illustration prise à Lille le 2 septembre 2021)
DENIS CHARLET / AFP L’allocation de rentrée scolaire suscite toujours des critiques pourtant infondées (photo d’illustration prise à Lille le 2 septembre 2021)

DENIS CHARLET / AFP

L’allocation de rentrée scolaire suscite toujours des critiques pourtant infondées (photo d’illustration prise à Lille le 2 septembre 2021)

POLITIQUE - C’est une musique qui revient à intervalle régulier, quand la fin de l’été approche et que les caisses d’allocations familiales (CAF) s’apprêtent à verser l’allocation de rentrée scolaire (ARS) pour aider les familles modestes à faire face aux factures salées que cette échéance génère.

Revalorisée de 4 % cette année en raison de l’inflation, l’ARS fait (encore) face aux mêmes critiques. Pour les détracteurs du système actuel, l’enveloppe est détournée par les allocataires pour faire des achats autres que des fournitures scolaires. Lors de la rentrée précédente, c’était le ministre de l’Éducation nationale d’alors, Jean-Michel Blanquer, qui avait repris à son compte cette « théorie de l’écran plat », provoquant des remous jusque dans son propre camp.

Une proposition de loi LR

Pour cette rentrée 2022, on a vu un cadre du Rassemblement national donner dans ce registre ou encore une cohorte de députés LR qui sont allés jusqu’à déposer une proposition de loi pour offrir cette aide en nature, et non en espèces sonnantes et trébuchantes.

Enregistré à l’Assemblée nationale le 4 août, ce texte « visant à encadrer l’utilisation de l’allocation de rentrée scolaire et à lutter contre la fraude » affirme que « l’affectation réelle » de la somme versée par l’État aux allocataires « demeure inconnue des pouvoirs publics dans la mesure où elle reste à la discrétion des familles des bénéficiaires ». Cette idée est tellement répandue qu’elle s’est retrouvée – sans filtre — sur les ondes de RTL, ce mardi 16 août.

À l’antenne, un auditeur affirme avoir constaté, lors d’un « stage » réalisé dans une grande surface du Nord, que le jour de versement de l’ARS coïncide avec des records de ventes d’alcool. Face au tollé provoqué par cette assertion sans la moindre preuve, RTL a publié dans la foulée un tweet faisant office de rectificatif : « Selon la dernière étude disponible (OpinionWay pour la CNAF/2013), 95 % des bénéficiaires avaient acheté des fournitures scolaires. Les propos tenus par cet auditeur n’ont pas pu être confirmés par RTL. »

Alors, que sait-on de l’utilisation de cette allocation de rentrée scolaire qui, cette année, s’élève à 392,05 euros par enfant âgé de 6 à 10 ans, 413,69 euros par enfant âgé de 11 à 14 ans et 428,02 euros par enfant âgé de 15 à 18 ans ? Comme ceci est mentionné par RTL, la dernière étude sur le sujet a été publiée en 2014 et porte sur l’année précédente. Et elle indiquait bien que les fraudes étaient infimes, loin des idées reçues entretenues par toute une partie de la classe politique. « La quasi-totalité (99 %) des bénéficiaires ont acheté des fournitures scolaires et 95 % des vêtements », notait la CNAF.

« Stigmatisant les familles les plus modestes »

Cette enquête, réalisée par OpinionWay, avait été menée sur « un échantillon de 2 009 bénéficiaires de l’allocation de rentrée scolaire (ARS), représentatif de la population des allocataires de l’ARS et un échantillon de 308 non-bénéficiaires ayant des revenus assez proches du plafond ».

Alors ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn répondait ceci à la sénatrice des Bouches-du-Rhône Samia Ghali en juillet 2018 : « Aucune étude sérieuse ne prouvant que l’ARS est effectivement utilisée par les familles à d’autres fins que les dépenses de rentrée scolaire, une réforme du versement de l’ARS sous la forme d’un titre spécial de paiement ou directement aux établissements scolaires n’apparaît ainsi pas opportune, plus coûteuse en gestion que le dispositif actuel et stigmatisant les familles les plus modestes. »

Une absence de preuves qui n’empêche pas à cette idée reçue de revenir inlassablement, au point — comme vu plus haut — de faire l’objet d’une nouvelle proposition de loi déposée par la droite à ce sujet. Par ailleurs, alors que le fantasme porte majoritairement sur les téléviseurs achetés en masse à cette période de l’année, Checknews avait démontré l’an passé qu’aucune hausse des ventes d’écrans plats n’était constatée à la rentrée (ce qui est illustré dans le graphique ci-dessous).

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