L’Allemagne face à soixante ans de dépendance toxique au gaz russe

Longtemps, “l’Allemagne a profité du gaz russe à bon marché”, explique Der Spiegel. À tel point que le pays “n’était plus pressé de prendre le virage énergétique”. À la une de l’hebdomadaire daté du 25 juin, un Vladimir Poutine façon diable, “celui qui souffle le froid”, est affublé de cornes de gaz. Depuis l’invasion de l’Ukraine, les sanctions occidentales, l’escalade entre l’Union européenne et la Russie sur les exportations russes d’hydrocarbures, l’Allemagne a découvert son extrême dépendance. Le magazine revient dans un (très) long article, titré “Nous, accros au gaz”, sur l’histoire “d’un amour fatal pour le gaz qui pourrait se terminer de manière glaciale cet hiver”.

C’est via trois protagonistes que le journal allemand retrace l’histoire d’une cécité collective. Le premier, Matthias Warnig, est un proche de Poutine et le patron de l’oléoduc Nord Stream 2. Jusqu’à la veille de l’invasion, ce “sombre Raspoutine de la politique gazière allemande” a continué à croire que “Poutine ne jetterait pas aux orties tout ce pour quoi Matthias Warnig a travaillé la moitié de sa vie : le gazoduc de la mer Baltique Nord Stream 2” et ses “9,5 milliards d’euros d’investissements”.

Le deuxième, Peter Altmaier, a été ministre de l’Environnement puis de l’Économie de la chancelière Angela Merkel jusqu’à la fin 2021. Il récuse l’idée de s’être trompé sur la “violence brutale” dont Poutine était capable, mais “n’était pas préparé à ce que l’Allemagne puisse un jour se passer du gaz russe”. C’est que la “schizophrénie germano-russe (adversaires en politique, amis sur le gaz) devait garantir un gaz bon marché” et assurer “un tremplin pour la transition énergétique”.

BASF, moteur de la relation de dépendance

Jürgen Hambrecht, le troisième homme, est un “junkie du gaz”, à l’image du groupe chimique BASF, qu’il a dirigé pendant de nombreuses années, “l’un des plus gros consommateurs” d’énergie du pays. Lui aussi refuse de reconnaître une quelconque erreur stratégique. Pourtant, BASF est un “moteur” de l’amour allemand pour le gaz. L’industriel accuse plutôt les mauvais choix politiques, “d’abord l’abandon de l’énergie nucléaire, puis du charbon”.

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