L’Allemagne est devenue un “paradis pour la mafia italienne”

Photo Erol Dogrudogan/REUTERS

La Tagesschau le clame haut et fort, l’Allemagne est devenue un “paradis pour la mafia italienne”. Mercredi 3 mai, une vaste opération de police a mis au jour les réseaux de la ’Ndrangheta calabraise, spécialiste du trafic de cocaïne dans plusieurs pays européens. Sur les 132 arrestations effectuées ce jour-là, une vingtaine ont eu lieu outre-Rhin. “Ces derniers raids ont montré à quel point les structures mafieuses étaient ancrées dans le pays, analyse le média en ligne. L’Allemagne présente un attrait en tant que base de repli pour la mafia.”

Pourquoi un tel engouement pour la première économie de l’Union européenne ? Tout d’abord, pour sa législation. “Des lois adaptées se font toujours attendre”, explique au média en ligne Petra Reski. Pour la journaliste spécialiste des mafias, Berlin considère que ces réseaux criminels ne sont pas un problème prioritaire.

Résultat : il est beaucoup plus simple de blanchir de l’argent outre-Rhin, où cette activité “est considérée comme une sorte de programme de relance économique”, qu’en Italie. L’opération du 3 mai n’a d’ailleurs pas été lancée à l’initiative de la police allemande. Les personnes interpellées étaient sous le coup de mandats internationaux.

“Un signal positif”

Mais l’Allemagne n’est pas devenue l’un des principaux “centres de blanchiment d’argent” européens uniquement à cause de son cadre juridique. Sa stabilité économique et politique est aussi un argument de taille pour les mafieux.

“Si des criminels investissent de l’argent ici, ils n’ont pas à se soucier du risque de le perdre”, explique la Tagesschau. Avec leurs nombreux clients, des établissements aussi banals que des restaurants ou des glaciers peuvent servir de couverture aux réseaux criminels. Et les transferts d’argent se font d’autant plus facilement qu’il règne encore dans le pays une culture de l’argent liquide.

Les récentes descentes de police sont un “signal positif” vers le changement, concède Sandro Mattioli, de l’association antimafia Mafianeindanke (“Mafia non merci”). “Mais sachant que, d’après les données dont disposent les autorités, 505 membres de la ’Ndrangheta vivraient en Allemagne, une poignée de mandats d’arrêt ne constituent pas une victoire contre la mafia.”

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