L’alcoolisation foetale sous-estimée ?

La consommation d’alcool pendant la grossesse expose l’enfant à naître à plusieurs effets néfastes. « Dans les cas les plus graves, les enfants naissent avec un syndrome spécifique, le syndrome d’alcoolisation fœtale, qui se manifeste par une dysmorphie faciale (diverses anomalies du visage) et des troubles neuropsychiques peu spécifiques », précisent les rédacteurs de la Revue Prescrire. « Les enfants qui souffrent de formes dites incomplètes, sans dysmorphie faciale, ont des troubles d’apprentissage et d’adaptation sociale qui sont souvent mis en évidence lors de la scolarisation », poursuivent-ils.

Formes incomplètes invisibles

Une étude épidémiologique réalisée en France sur les années 2006-2009 et 2010-2013, à partir de dossiers hospitaliers, a retrouvé des troubles graves liés à une exposition fœtale à l’alcool chez 5 nouveau-nés hospitalisés au cours des 28 premiers jours de vie pour 10 000 naissances. Or « les enfants dont les troubles du développement sont décelés plus tard, en particulier à l’âge scolaire, ne pouvaient pas être recensés », critiquent les rédacteurs de la Revue Prescrire. Pourtant « on estime que les formes avec troubles du développement sans dysmorphie faciale sont 10 fois plus fréquentes que les formes complètes. »

Selon le Baromètre santé 2017 de Santé publique France, « parmi les femmes interrogées, enceintes au moment de l’enquête ou mères d’un enfant de moins de 5 ans, 1 sur 10 a déclaré avoir consommé de l’alcool occasionnellement pendant sa grossesse ». Une proportion qui pourrait donc avoir un impact sur près de 90 000 naissances chaque année. Largement plus que les centaines estimées par cette étude.

*Laporal S et coll. “Surveillance des troubles causés par l’alcoolisation fœtale : analyse des données du programme de médicalisation des systèmes d’information en France entre 2006 et 2013” Santé publique France Septembre 2018