L’agression au couteau du maire de Saint-Brieuc provoque l’indignation générale des politiques
POLITIQUE - L’agression du maire de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) survenue ce jeudi 26 septembre agit comme un énième électrochoc face aux actes de violence et d’intimidation auxquels sont exposés les élus locaux.
Aux alentours de 9 heures, Hervé Guihard était au Bistrot de la Poste lorsqu’un homme s’est approché pour lui asséner plusieurs coups sur la tête avec le manche d’un couteau, selon le récit de France Bleu Armorique. Le maire aurait été vu avec du sang sur le visage avant d’être transporté aux urgences. Ses jours ne sont pas en danger.
La raison de ce violent passage à l’acte est pour l’heure inconnue mais le suspect a aussitôt été interpellé et placé en garde à vue au commissariat de Saint-Brieuc. Il aurait expliqué vouloir « tuer le maire ». Il a ensuite été hospitalisé d’office, le préfet des Côtes d’Armor ayant ordonné son hospitalisation complète pour un mois. Le procureur de Saint-Brieuc Nicolas Heitz a pour sa part annoncé lors d’une conférence de presse « l’ouverture d’une enquête de flagrance des chefs de tentative d’assassinat sur personne dépositaire de l’autorité publique, menaces de mort aggravée et rébellion ».
Au sein de la classe politique, l’indignation est unanime. « S’en prendre à un maire, c’est s’attaquer à la République, dénonce la ministre chargée du partenariat avec les territoires Catherine Vautrin. Je condamne avec la plus grande fermeté l’agression du maire de Saint-Brieuc dans l’exercice de ses fonctions ». Le député européen Raphaël Glucksmann, fondateur du mouvement Place Publique duquel est proche le maire agressé, a écrit un message attristé sur X : « Hervé Guihard, un homme génial, un maire extraordinaire, aurait pu mourir sous les coups d’un agresseur qui le menaçait depuis des mois. La violence envers nos élus doit cesser ».
Pour le président de la région Bretagne Loïg Chesnais-Girard, « un sursaut collectif est nécessaire ». « Nos élus doivent être protégés », défend celui qui dénonce « une attaque sidérante ». Même colère pour la maire PS de Rennes Nathalie Appéré, qui se dit « effarée et préoccupée par ce degré de violence décomplexée ».
La violence contre les élus locaux, et singulièrement contre les maires, n’est pas nouvelle. Mais depuis la mort du maire de Signes (Var) à l’été 2019, mortellement renversé par une camionnette qui voulait illégalement déverser des gravats dans la nature, le nombre d’agressions a bondi. Entre 2021 et 2022, le nombre de plaintes et de signalements a augmenté de 32 %. Une enquête menée par le Cevipof en novembre 2023 a montré que 69 % des maires ont déjà été victimes d’incivilités (+ 16 points par rapport à 2020) et 39 % disent avoir subi injures et insultes (+ 10 points). Une loi renforçant la sécurité et la protection des élus a été votée en début d’année 2024, sans que les effets ne se fassent encore sentir.
L’un des derniers exemples marquants reste l’incendie de la maison et de la voiture du maire de Saint-Brevin-les-Pins (Loire-Atlantique) provoqué par l’extrême droite, alors qu’il prévoyait seulement de déplacer un centre d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA). Des milliers de personnes avaient défilé dans les rues de cette petite ville côtière en soutien au maire, forcé à la démission.
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