Blocage sur l'acheminement de vivres à Homs, en Syrie

A Homs, en Syrie. L'acheminement d'une aide humanitaire de l'Onu vers les centaines de Syriens assiégés dans cette ville était toujours incertain mardi à Genève, où la délégation gouvernementale a réclamé l'assurance qu'elle ne finirait pas entre les mains des groupes rebelles. /Photo prise le 28 janvier 2014/REUTERS/Thaer Al Khalidiya

par Stephanie Nebehay GENEVE (Reuters) - Le feu vert à l'acheminement d'une aide humanitaire à Homs, où des centaines de Syriens sont assiégés depuis des mois, n'a toujours pas été donné à Genève, où la délégation gouvernementale a réclamé l'assurance qu'elle ne finirait pas entre les mains des rebelles. Le Programme alimentaire mondial (Pam) s'est dit prêt à livrer un mois de rations alimentaires pour 2.500 personnes assiégées dans la vieille ville de Homs dès que les belligérants lui en donneront l'autorisation. "Nous attendons toujours l'assurance que ces convois n'iront pas aux groupes armés, aux groupes terroristes présents dans la ville", a répondu le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Fayçal Mekdad. "Nous voulons qu'ils aillent aux femmes et aux enfants. Nous attendons toujours ces assurances", a-t-il ajouté. Le coordinateur permanent de l'Onu à Damas, Yacoub al Helou, effectue des "navettes" entre les deux parties, a-t-il poursuivi, navettes dont le gouvernement de Damas attend les dernières nouvelles. "Le convoi est prêt et attend toujours de pouvoir entrer. L'autorisation n'a pas été donnée. Nous n'avons pas renoncé sur ce point", a quant à lui souligné le médiateur Lakhdar Brahimi. Dans la délégation de l'opposition, on assure que l'Onu et le Comité international de la Croix-Rouge ont obtenu toutes les garanties nécessaires de la part des forces hostiles à Bachar al Assad. "Le seul obstacle au déplacement de ces convois, c'est la décision du régime, qui n'a pas encore été donnée", a dit Mourhaf Jouejati. La session de discussions qui était prévue dans l'après-midi à Genève a été annulée, selon la délégation de l'opposition qui fait état de divergences sur leur ordre du jour. "Il y a une forte résistance de la part du régime à faire progresser les discussions vers la question d'un gouvernement de transition", a souligné Ahmed Jakal, négociateur de l'opposition. VILLE SYMBOLE Selon les estimations des Nations unies, quelque 250.000 Syriens vivent actuellement en état de siège dans le pays et les familles prises au piège à Homs n'en représentent qu'une petite fraction, mais la ville a valeur de symbole et focalise l'attention des négociateurs syriens réunis depuis la semaine dernière à Genève pour des pourparlers de paix. La conclusion ou non d'un accord sur cette question humanitaire est devenue un test de la capacité des pourparlers de Genève à donner lieu à des mesures concrètes. Le gouvernement syrien a proposé dimanche de laisser femmes et enfants quitter la vieille ville mais les opposants qui tiennent ces quartiers réclament une levée totale du blocus, estimant que toutes les autres mesures seraient "superficielles". "Les demandes des assiégés ne sont pas limitées à l'aide humanitaire", écrivent-ils mardi dans une lettre diffusée sur les réseaux sociaux, précisant que des dizaines de patients doivent subir des interventions chirurgicales. Ils réclament notamment la mise en place de "couloirs sécurisés permettant d'entrer et de sortir" de la ville en échappant aux barrages des forces gouvernementales. La population assiégée de Homs est coupée du monde depuis plus d'un an. "Une fois que toutes les parties sur le terrain autoriseront le convoi inter-agences à avancer, le Pam livrera à la vieille ville 500 rations familiales et 500 sacs de farine de blé, assez pour nourrir 2.500 personnes pendant un mois", a déclaré Elisabeth Byrs, porte-parole de l'agence alimentaire de l'Onu. Avec Tom Miles à Genève et Oliver Holmes à Beyrouth; Jean-Stéphane Brosse, Henri-Pierre André et Jean-Philippe Lefief pour le service français