« L’Événement » : Élisabeth Borne hermétique aux critiques sur sa réforme

Elisabeth Borne sur le plateau de « L’Événement » ce jeudi 2 février.
Elisabeth Borne sur le plateau de « L’Événement » ce jeudi 2 février.

POLITIQUE - Plus de quarante minutes d’intervention. Aucune annonce forte ni réelle concession. Invitée de « L’Événement » sur France 2 ce jeudi 2 février, Élisabeth Borne a longuement été interrogée sur la réforme des retraites, fortement contestée, que ce soit dans la rue ou dans les sondages.

L’occasion pour la Première ministre de faire (encore) de la « pédagogie » sur son texte, pourtant déjà présenté en longueur il y a un mois, et de se montrer inflexible sur le report de l’âge légal à 64 ans, malgré son rejet par 72 % des Français.

Premier axe de son argumentaire, un « there is no alternative » à la française. « Si on ne fait pas cette réforme, c’est notre système par répartition qui ne tiendra pas », a averti Élisabeth Borne, en assurant que son projet est autant « indispensable » que « nécessaire ». Le champ lexical de l’impérieuse nécessité a d’ailleurs fait office de fil rouge tout au long son intervention.

« Si on ne fait rien, ça veut dire qu’on sera demain amenés à baisser les pensions, à augmenter massivement les impôts, les cotisations, à casser la dynamique de création d’emplois dans le pays. Donc c’est baisser le pouvoir d’achat, et augmenté le chômage », a affirmé Élisabeth Borne, quitte à frôler parfois avec le chantage au chaos social.

« Quand j’ai vu le simulateur, j’ai pleuré »

Entrecoupée de séquence présentant des personnes affectées par la réforme, la partition livrée par la Première ministre n’a pas dévié une seule seconde de la trajectoire qu’elle s’était fixée. « Quand j’ai vu le simulateur de retraites, j’ai pleuré », témoigne une intervenante, mère de trois enfants et qui devra travailler deux ans de plus une fois la réforme adoptée.

« Je pense qu’on peut dire qu’on a un système protecteur, puisque les trois ans de congé parental et les deux années de cotisation par enfant font qu’elle a sans doute 10-15 ans qui sont pris en compte dans le calcul de sa retraite », réagit sans ciller Élisabeth Borne, qui conteste également les critiques de ceux qui affirment, sur la base de l’étude d’impact commandée par le gouvernement et certaines déclarations ministérielles, que le projet va pénaliser les femmes, notamment celles ayant commencé leur carrière dans les années 1980.

« Les femmes partiront plus tôt. Les femmes ont des pensions 30 % plus basses que celles des hommes. Une femme sur trois est concernée. Dans dix ans, l’écart sera réduit, cela passera de 30 à 20 % », a rétorqué Élisabeth Borne, qui assure que sa réforme « protégeait » les femmes. À l’appui, un graphique détaillant les effets de sa réforme sur ce point précis. Un bâton tendu à ses opposants. « Des Français témoignent de leur travail. Borne répond par des statistiques », a ironisé sur Twitter l’insoumis François Ruffin.

Insistant davantage sur « l’équilibre » de son projet que sur la « justice » qu’il est censé instaurer (ce que martelait la Macronie dès sa présentation), Élisabeth Borne a évoqué la possibilité de travailler à une meilleure prise en cause de la pénibilité, tout en se montrant réticente au rétablissement des critères supprimés sous le quinquennat précédent. Une façon bien timide d’entrouvrir une porte, que l’on retrouve au sujet des carrières longues.

Menu fretin

Alors que Les Républicains mettent la pression sur le gouvernement pour permettre à ceux ayant commencé à cotiser avant 21 ans de partir avant l’âge légal, la Première ministre s’est dite prête à en discuter. « On aura ce débat », a-t-elle éludé, admettant par ailleurs ignorer si les trimestres en apprentissage seront pris en compte dans le calcul des carrières longues.

Autre (maigre) élément d’ouverture, la possibilité de pénaliser les entreprises dont l’index senior (étendu par ailleurs aux structures de plus de 50 salariés) serait négatif. « S’il n’y a pas d’effets pour corriger les mauvaises pratiques, alors il pourrait y avoir des sanctions », a déclaré — tout en conditionnel — Élisabeth Borne.

Du menu fretin qui ne devrait pas être de nature à inciter le million de manifestants comptabilisés mardi 31 janvier à rester à la maison pour la prochaine journée d’action.

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