L’Éthiopien Abiy Ahmed, de la paix à la guerre

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L’article de la semaine

Pourquoi cet article ?

Cette semaine, nous vous proposons de revenir sur cet article du site américain New Lines Magazine qui tente de comprendre comment le Premier ministre Abiy Ahmed, Prix Nobel de la paix en 2019, a plongé l’Éthiopie dans la guerre, en partie au nom d’un messianisme religieux. Le messianisme suppose qu’un personnage providentiel viendrait sauver un peuple ou un territoire et qu’il n’aurait d’autre choix que d’accepter cette mission divine.

Ce rapport complexe entre l’État et la religion est analysé dans le dernier thème de première, et cet exemple permettra aux élèves de comprendre comment une idéologie religieuse peut être instrumentalisée à des fins politiciennes.

S’il ne fallait retenir qu’une citation

“Le pentecôtisme d’Abiy Ahmed est un exemple fascinant de l’utilisation du Saint-Esprit à des fins politiques.”

La carte qui illustre l’article montre bien la complexité ethnique et religieuse de l’Éthiopie, un pays partagé entre le pentecôtisme, l’islam, le christianisme orthodoxe et l’animisme. Le Premier ministre Abiy Ahmed, un pentecôtiste convaincu, se sent investi d’une mission divine et se pense comme le septième souverain d’Éthiopie, chargé d’unifier le pays. Derrière ce discours religieux, se cache une farouche volonté de maîtriser un pays profondément divisé.

Lorsqu’en 2020 il déclare la guerre à la région séparatiste du Tigré, le Prix de Nobel de la paix n’hésite pas à qualifier les indépendantistes de démons. Il ne faut pas s’y tromper : si la religion semble être un moteur important pour le dirigeant éthiopien et une grande majorité de la population, il ne s’agit pas d’un conflit religieux, mais d’une guerre pour des motifs territoriaux et ethniques. Comme souvent, la religion est ici manipulée.

Pour aller plus loin

Pour revenir plus en détail sur le conflit au Tigré, nous vous conseillons la lecture des trois articles suivants.

  • Cette revue de presse fait le bilan des affrontements qui ravagent le Tigré depuis 2020 et qui ont déjà fait “600 000 morts au moins”, selon des sources concordantes de la presse étrangère. Pourtant, la communauté et les médias internationaux en parlent peu.

  • Cet article, qui s’appuie sur une enquête fouillée du Washington Post, rapporte les exactions des troupes érythréennes, alliées du pouvoir fédéral éthiopien, dans le nord de l’Éthiopie. Des images satellite, analysées par le quotidien américain, corroborent les témoignages et l’horreur – on évoque de possibles crimes contre l’humanité – vécue par les villageois.

  • Cette autre revue de presse montre le dilemme auquel devait faire face en mars le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, lors de sa visite en Éthiopie. Washington, qui sait le pays incontournable – c’est le deuxième plus peuplé du continent – pour renouer avec l’Afrique afin de contrer la Chine et la Russie, cherchait aussi à obtenir des garanties que le pays s’était bien engagé dans la fin de la guerre intérieure qui ravage la région séparatiste du Tigré.

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