«A l’époque, je la crois en vie, enfermée quelque part en Syrie»

J’ai cherché à restituer ici l’histoire de Razan Zaitouneh, dissidente syrienne disparue sans laisser de traces dans la nuit du 9 au 10 décembre 2013 à Douma, ville de la banlieue de Damas où elle pensait avoir trouvé refuge.

Au début de l’année 2011, lorsque les premières manifestations ont lieu en Syrie, je vis à Jérusalem où je poursuis divers projets littéraires, me trouvant à la fois tout près de ce qui advient et très loin. J’avais quitté les Nations unies quelques années plus tôt pour me consacrer à l’écriture mais continuais de vivre à l’étranger car S., mon compagnon, y travaillait toujours. Après Jérusalem nous nous sommes installés à New York, puis en 2014 nous sommes retournés au Moyen-Orient : nos enfants et moi à Beyrouth, S. à Damas.

Peu de temps après mon arrivée dans la capitale libanaise, je suis allée voir Our Terrible Country, un film dans lequel on suit l’écrivain syrien Yassin al-Haj Saleh et un jeune photographe, Ziad al-Homsi. Au début, on les découvre tous les deux à Douma (j’entends ce nom pour la première fois) au printemps 2013. On ne sait pas exactement pourquoi ils se sont installés dans cette ville contrôlée par les rebelles syriens mais on peut évoquer ces raisons comme possibles motifs à leur présence : ils étaient recherchés dans les zones gouvernementales, voulaient vivre l’expérience de la libération, souhaitaient en découdre frontalement avec le régime (pour Al-Homsi en tout cas, que l’on découvre armes à la main au début du film). Douma, ville de la banlieue orientale de Damas, est aux mains de l’insurrection et le régime la bombarde - jusqu’au moment où j’écris ces lignes, trois ans après le tournage du film, la ville de Douma a été bombardée chaque jour. Les deux hommes décident de partir pour Raqqa. Yassin al-Haj Saleh y est né, a grandi dans cette ville récemment tombée aux mains de l’opposition et dans laquelle sa famille se trouve encore. Au terme d’un voyage éprouvant ils découvrent la ville du Nord, tout juste passée sous (...) Lire la suite sur Liberation.fr

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