L’énigmatique nébuleuse de la Tête de cheval vue par le télescope spatial Euclid
L’Agence spatiale européenne (ESA) a publié les premières images en couleur de galaxies prises par le télescope spatial Euclid, lancé en juillet. Parmi elles, il y a une vue panoramique de la nébuleuse de la Tête de cheval, Barnard 33 pour les astronomes, qui se trouve dans la constellation d’Orion. Les images transmises précédemment par d’autres satellites ne sont pas aussi détaillées. Euclid distingue des éléments cosmiques avec une précision et une sensibilité inégalées, ce qui permettra au télescope de chercher dans cette nébuleuse des exoplanètes, des naines brunes, mais surtout des bébés étoiles.
Pouponnière d’étoiles
Située à environ 1375 années-lumière de la Terre, la nébuleuse de la Tête de cheval, nommée ainsi à cause de la forme du nuage, est une pouponnière d’étoiles. La formation des étoiles nécessite des conditions très particulières, obtenues grâce aux rayonnements ultraviolets émis par une étoile très brillante située au-dessus de la tête de cheval. Sur l’image, on ne voit pas cette étoile, Sigma Orionis, car sa luminosité empêcherait de voir autre chose si le télescope pointait dans sa direction.
“Le rayonnement ultraviolet de Sigma Orionis fait briller les nuages derrière la tête de cheval, alors que les nuages épais de la tête de cheval elle-même bloquent la lumière directement derrière elle, ce qui donne cet aspect sombre”, explique l’ESA. Les scientifiques essaieront de comprendre si les bébés étoiles se forment différemment dans les nuages d’hydrogène éclairés ou sombres.
Carte en 3D de l’Univers et matière noire
Les autres images, cinq au total, montrent que le télescope fonctionne comme attendu. “Au cours de sa mission de six ans, le télescope devrait capter 30 000 images de ce type, ce qui permettra de répertorier un milliard de galaxies sur un tiers du ciel. Les chercheurs les utiliseront pour créer la plus grande carte en 3D de l’Univers, couvrant les trois quarts de son histoire”, indique Science.
Grâce à ce télescope, placé à 1,5 million de kilomètres de la Terre, au point de Lagrange L2, et muni d’un miroir de 1,20 mètre de diamètre, les astrophysiciens espèrent aussi éclairer deux aspects très discutés de leur discipline : la nature de la matière noire et l’énergie sombre, dont on ne sait quasiment rien. La matière noire, qui représente 25 % de l’Univers, et l’énergie sombre, qui représente 70 % de l’Univers, ont des effets opposés : quand la première assure la cohésion des galaxies, l’énergie sombre accélère, elle, l’expansion de l’Univers.
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