L’émouvante étrangeté de la famille queer de Marijpol
“‘Est-ce qu’on a le droit de ressentir plusieurs choses en même temps ?’ demande Denise à Petra, comme si elle n’arrivait pas à déterminer si elle était heureuse ou en colère.”
Avec La Harde (traduit de l’allemand par Charlotte Fritsch et publié aux éditions Atrabile), la dessinatrice hambourgeoise Marie Pohl, alias Marijpol, a enthousiasmé la presse allemande.
Connue pour La Roche au tambour et Ermite (également chez Atrabile), elle jongle avec les représentations du corps, de la féminité, de la maternité et de la famille.
La Harde fait l’objet d’une exposition du 20 au 22 septembre à Paris, dans le cadre de la 12e édition du festival Formula Bula, consacré à la bande dessinée indépendante, dont Courrier international est partenaire.
L’histoire de ce roman graphique, c’est celle de trois femmes, Petra, Ulla et Denise, qui vivent ensemble en colocation.
La première est une bodybuildeuse obsédée par la muscu. La seconde, archéologue de métier, vit dans un corps de géante. Et la troisième, prof de yoga, vend à ses heures perdues le venin qu’elle extrait de son bras – qui est en forme de tête de serpent.
Cette étrange mais harmonieuse coloc fait la connaissance de trois enfants abandonnés dans le voisinage.
“D’abord hésitantes, elles commencent à se sentir d’une certaine manière responsables du trio, avant de se réjouir de cette forme de maternité. Certains désirs font alors surface”, raconte la Süddeutsche Zeitung.
“Mais comment concilier la responsabilité parentale avec l’individualisme crasse des trois protagonistes ?” interroge le quotidien allemand.
“Le titre [allemand], Hort,
résume cette tension.
En allemand, le mot
désigne à la fois une sorte
de garderie pour les enfants
après l’école, un trésor
ou, de manière générale,
un lieu sûr. Un refuge
offrant une protection.
La maison des trois femmes,
conçue par Ulla, est ce lieu,
à la fois pour elles-mêmes
et pour les enfants,
au-delà des conceptions
classiques de la famille.”
Le quotidien allemand “Der Tagesspiegel”
“L’ouvrage se veut queer et féministe, ainsi que le laisse deviner la couleur mauve qui domine tout le roman”, souligne l’hebdomadaire allemand Die Zeit.