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L'état d'urgence imposé en Ethiopie pour six mois

ADDIS-ABEBA (Reuters) - L'état d'urgence imposé en Ethiopie est instauré pour une durée de six mois, ont annoncé samedi les autorités d'Addis-Abeba.

L'Ethiopie a déclaré vendredi l'état d'urgence, au lendemain de l'annonce de la démission du Premier ministre Hailemariam Desalegn, après trois années de crise politique et de violences qui ont fait des centaines de morts à travers le pays.

"Il y a encore des poches dans certaines régions où la violence prévaut", a déclaré le ministre de la Défense Siraj Fegessa samedi à des journalistes.

En vertu de l'état d'urgence, les manifestations sont interdites de même que la fabrication et la diffusion de publications "semant la discorde".

"Le gouvernement a déjà pris des mesures pour réduire la violence mais il y a encore des pertes en vies humaines, de nombreux déplacés et des dégâts aux infrastructures", a déclaré le ministre de la Défense, promettant l'annonce de nouvelles initiatives dans la journée.

Par la voix de son ambassade à Addis-Abéba, les Etats-Unis ont déclaré samedi être en "désaccord total" avec l'instauration de l'état d'urgence.

"Nous sommes en total désaccord avec la décision du gouvernement éthipien d'instaurer l'état d'urgence, qui prévoit des restrictions de certains droits fondamentaux comme la liberté de mouvement et d'expression", a estimé l'ambassade dans un communiqué.

Le conseil du Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (FDRPE), coalition au pouvoir, a pris sa décision d'imposer l'état d'urgence à l'unanimité, a précisé Siraj Fegessa.

La validation de l'état d'urgence par le Parlement, dont les 547 sièges sont trustés par les quatre partis composant le FDRPE, devrait intervenir dans les deux semaines.

L'Ethiopie est secouée par des violences depuis près de trois ans. Les premières manifestations ont éclaté dans la province d'Oromia pour protester contre des expropriations.

Les rassemblements sur les droits fonciers se sont mués au fil des mois en manifestations contre le gouvernement, notamment après les arrestations de dirigeants de l'opposition.

Une précédente mesure d'état d'urgence avait été prise en octobre 2016, avant d'être levée en août dernier.

Hailemariam Desalegn a annoncé jeudi qu'il avait présenté sa démission, deux jours après de nouvelles manifestations dans tout le pays pour protester contre la détention de prisonniers politiques.

Les associations de défense des droits de l'homme ont critiquent régulièrement le gouvernement éthiopien, qui a arrêté et emprisonné de nombreux opposants politiques et journalistes.

Plus de 6.000 prisonniers politiques ont cependant été libérés depuis le début de l'année, après que le gouvernement a fait part de sa volonté de libérer et gracier des membres de l'opposition afin de "favoriser la réconciliation nationale".

(Aaron MaashoJean Terzian, Jean-Stéphane Brosse et Eric Faye pour le service français)