"L'État de droit, c'est quelque chose de sacré": Borne et Braun-Pivet répondent à Retailleau
Concentrer les critiques d'une partie de l'opposition est une chose. Recueillir celles de certains membres de sa majorité relative à l'Assemblée en est une autre. Bruno Retailleau (LR) récolte les deux depuis quelques heures, le ministre de l'Intérieur se retrouvant sous les feux de la gauche - comme nous vous le racontons ici - mais aussi de figures macronistes. Et pas des moindres: Élisabeth Borne, comme Yaël Braun-Pivet, sont sorties du bois ce lundi 30 septembre.
La raison? La remise en cause de l'État de droit effectuée par Bruno Retailleau dans le JDD ce samedi. Celui-ci "n'est pas intangible, ni sacré", selon le patron de la place Beauvau qui revient dans l'hebdomadaire d'extrême droite sur le meurtre de Philippine, étudiante de 19 ans de l'université Paris-Dauphine, retrouvée enterrée dans le bois de Boulogne, dans l'ouest parisien.
"Il faut absolument avoir des propos apaisants"
Le fait que le suspect - un Marocain de 22 ans déjà condamné pour viol en 2021 - soit sous le coup le coup d'une OQTF suscite de vives réactions, en particulier à l'extrême droite. Mais Bruno Retailleau - dont les positions sont souvent équivalentes à celles du Rassemblement national sur l'immigration et la justice - va trop loin aux yeux des macronistes.
"L'État de droit dans une démocratie, c'est quelque chose de sacré", lui a renvoyé Élisabeth Borne sur BFMTV-RMC, avant de le mettre en garde: "Quand on est aux responsabilités, il faut absolument avoir des propos apaisants, éviter les propos clivants. A fortiori quand on est face à l'Assemblée telle qu'elle se présente aujourd'hui." Comprendre: Bruno Retailleau devra faire avec les macronistes, qui composent la très relative majorité (212 députés, NDLR) avec LR au Palais Bourbon.
"Il ne faut surtout pas remettre en cause l'État de droit"
Plus tôt, Yaël Braun-Pivet s'est montrée "inquiète" sur France 2 face aux propos du successeur de Gérald Darmanin. "L'État de droit, c'est ce qui protège nos concitoyens. C'est le principe de séparation des pouvoirs entre l'exécutif, le législatif et le judiciaire. C'est l'égalité de tous devant la loi. C'est la hiérarchie des normes, c'est-à-dire qu'un ministre ne peut pas prendre toutes les dispositions qu'il souhaite", a listé la présidente de l'Assemblée nationale, ajoutant:
"Je crois que lorsqu'il y a des crises, que la situation est tendue, il ne faut surtout pas remettre en cause l'État de droit".
La situation rappelle, s'il le fallait, la fragilité de l'attelage LR-camp présidentiel à la veille de la déclaration de politique générale de Michel Barnier devant l'Assemblée nationale. Bruno Retailleau symbolise les tensions.
Que ce soit pour sa volonté de transformer l'Aide médicale d'État pour les sans-papiers en "aide médicale d'urgence", sa ligne très conservatrice (soutien de La Manif pour tous, opposé à la constitutionnalisation de l'IVG), son bras de fer avec le ministre de la Justice Didier Migaud ou, plus récemment encore, des propos tenus dans une interview pour LCI ce dimanche.
Dans celle-ci, le patron de la place Beauvau réitère ses réserves sur une "société multiculturelle", plaide pour un référendum sur l'immigration - qui "n'est pas une chance" selon lui - et soutient la double peine. Difficile pour les macronistes d'opiner.