Faut-il restituer les œuvres d'art africaines acquises pendant la colonisation ?
Longuement restée un sujet d’experts, la question de la restitution des œuvres muséales s’est, peu à peu, disséminée auprès du plus grand nombre. Tandis que les demandes se sont multipliées, qu’elles émanent des gouvernements ou des musées, de nombreux objets pillés sous la colonisation ont été réclamés par leur pays d’origine. Depuis les années 1980, les Maori souhaitaient, par exemple, rapatrier, sur leurs terres, les toi moko, ces têtes tatouées et momifiées, qui ont fait fructifier un marché florissant à la fin du XVIIIe siècle. Dans cette perspective, le musée national néo-zélandais Te Papa Tongarewa a déposé une requête afin de récupérer l’ensemble des dépouilles maories présentes aux quatre coins du monde.
Alors que le principe d’inaliénabilité des collections publiques est toujours d’actualité, seule une commission de déclassement ou une loi, telle que celle votée en décembre 2020, demeure habilitée à autoriser ce transfert. Il s’agit, en effet, d’une loi de cette ampleur, qui avait permis la restitution des restes de Saartjie Baartman, la "Vénus hottentote", à l’Afrique du Sud en 2002. Le 23 janvier 2012, c’est finalement Frédéric Mitterrand qui a obtenu la charge de restituer vingt têtes maories récupérées au XIXe siècle lors d’explorations et conservées dans différents musées français. Lors d’une cérémonie officielle qui s’est déroulée au Musée du Quai Branly, les têtes identifiées en France ont ainsi été remises à la Nouvelle-Zélande afin d’être acheminées vers le musée (...)