L'égorgement, une pratique source de fantasmes et d'extrapolations

Le journaliste américain James Foley en Syrie, en 2012. Egorgé par l'Etat islamique, la vidéo de son exécution a fait frémir le monde.

L'assassinat du prêtre à Saint-Etienne-du-Rouvray rappelle combien cette méthode d'exécution contribue à imposer la terreur en incarnant le summum de la barbarie.

«Prêtre assassiné» ou «tué» puis «prêtre égorgé». A partir de 13h mardi, la précision devient systématique dans les dépêches, informations et réactions à la mort du père Jacques Hamel dans l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray. Elle est attribuée à une source policière locale de Rouen et apparaît peu après la revendication de l’attaque par l’Etat islamique. Celui-ci mentionne dans son communiqué que les «assaillants ont agi en réponse à l’appel de l’EI à attaquer les pays de la coalition», sans autre précision.

Summum de la barbarie, l’égorgement est utilisé tant par les extrémistes islamistes pour susciter la terreur que par les islamophobes pour cristalliser l’horreur. Depuis début 2013 en Syrie, quand ils s’emparaient d’un village ou d’une ville, les hommes de la formation jihadiste signaient leur «conquête» par deux ou trois têtes coupées qu’ils exhibaient sur une place publique ou un marché central. Ils parvenaient ainsi à paralyser toute velléité de résistance chez les habitants. Par la même pratique, ils ont lancé leur défi à l’international lors de l’exécution mise en scène et filmée en septembre 2014 du journaliste américain James Foley. L’image de l’otage en tunique orange, agenouillé dans le désert, devant un homme portant une cagoule noire, sabre brandi, a fait frémir des millions de téléspectateurs à travers le monde.

«Tuer halal»

La scène se répétera pour d’autres victimes de différentes nationalités, consacrant la pratique comme un rituel chez ceux qui revendiquent un retour aux pratiques de la première ère de l’Islam. La question a fait l’objet de débats entre oulémas musulmans tentant de démontrer, textes historiques et religieux à l’appui, que le prophète avait interdit cette méthode pré-islamique.

Elle a été largement exploitée par certains milieux d’extrême droite pour souligner (...)

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