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Aux législatives, le cas Jérôme Peyrat embarrasse la Macronie

Jerôme Peyrat photographié lors des élections municipales de 2014 (Photo:  via AFP)
Jerôme Peyrat photographié lors des élections municipales de 2014 (Photo: via AFP)

Jerôme Peyrat photographié lors des élections municipales de 2014 (Photo: via AFP)

POLITIQUE - C’est ce qui s’appelle “remettre une pièce dans la machine”. Ce mercredi 18 mai sur franceinfo, le délégué général de La République en Marche, Stanislas Guérini, s’est lancé dans une défense hasardeuse du candidat Jérôme Peyrat, investi, un temps, par la majorité présidentielle dans la 4e circonscription de Dordogne. Une investiture qui est mal passée, le maire de La Roque-Gageac ayant été condamné en septembre 2020 à une amende de 3000 euros avec sursis dans une affaire de violence envers une ex-compagne.

Mise à jour: depuis la publication de notre article, Jérôme Peyrat a annoncé retirer sa candidature aux législatives.

Symbole désastreux, cet ex-UMP, conseiller influent dans l’appareil macroniste, a été désigné au détriment de Jacqueline Dubois, députée LREM sortante. Évincer une femme au profit d’un homme condamné pour violences conjugales: une démarche qui s’accommode mal de l’égalité homme femme, érigée “grande cause du quinquennat” écoulé (et à venir) par Emmanuel Macron. Surtout quand Stanislas Guérini se dit “infiniment convaincu” que Jérôme Peyrat n’est pas “capable de violences”, malgré les 14 jours d’Incapacité Temporaire Travail (ITT) qui ont été octroyés à l’ex-compagne du candidat au moment des faits.

“Les masques tombent”

Résultat: une avalanche de réactions indignées après les propos de Stanislas Guérini mercredi matin. “La question n’est donc pas la justice (en l’espèce elle est passée et elle a condamné) mais la protection des hommes violents. Merci Stanislas Guérini de le dire avec autant de clarté. Au moins, les masques tombent”, a taclé l’écologiste Sandrine Rousseau, alors que la militante féministe Caroline de Haas (poche de la NUPES) a lancé une pétition exigeant le retrait de l’investiture à Jérôme Peyrat.

La suite logique d’une séquence qui s’observe depuis plusieurs jours, notamment au niveau local. Comme le rapporte Le Monde, des membres LREM du département ont exprimé leur “stupéfaction” après le choix fait par la Commission d’investiture de sacrifier Jacqueline Dubois pour faire la place à Jérôme Peyrat. “Un candidat peut-il donner envie aux citoyennes de s’impliquer alors qu’il prend la place de la première femme élue députée de notre circonscription?”, interrogent-ils dans un communiqué diffusé dimanche 15 mai.

Un malaise qui se fait désormais ressentir jusqu’à l’Assemblée nationale, où des élus LREM apprécient moyennement l’opération sauvetage tentée par Stanislas Guérini. “S’il pouvait de temps en temps fermer sa gueule...”, grince un marcheur historique, particulièrement sévère à l’égard du choix Peyrat: une “erreur” car “indéfendable” sur le plan symbolique.

Dissidence

“En plus, c’est cruel pour Jacqueline Dubois, ce n’est pas une députée qui posait problème au sein du groupe”, renchérit une élue influente, également dubitative sur les choix faits par la commission d’investiture. “On a lourdé de bons députés, et on en a gardé des gens problématiques”, soupire-t-elle, citant notamment le cas de Sira Sylla, accusée par un ex-collaborateur de harcèlement moral. “Tout le monde (ou presque) est indigné et en colère mais personne ne parle par crainte de représailles”, enfonce une source parlementaire.

Alors que l’embarras commence à infuser dans les troupes macronistes, certains imaginent que cette investiture ne puisse résister longtemps. “Si ça continue comme ça, ce n’est pas impossible qu’il soit débranché d’ici vendredi (ce qui a été confirmé, NDLR)”, observe un député LREM à propos de Jérôme Peyrat, quand un autre s’en remet au jugement des urnes: “les bons conseillers de l’ombre ne font pas forcément de bons candidats”.

Sur le plan électoral, la situation est de toute façon complexe, avec une candidature dissidente: celle de Jacqueline Dubois, qui compte bien se représenter. “La candidature de Monsieur Peyrat affaiblit la République en marche, son honneur serait de se retirer. Il a fait une triple erreur, sous-estimer l’impact de sa condamnation, la deuxième, c’est la trahison d’une amitié, la troisième c’est de me sous-estimer. Il m’a dit : ‘là tu es en colère, demain ça ira mieux’. Eh bien ça va mieux, et je suis candidate”, a-t-elle déclaré ce mercredi sur France bleu.

Et de citer pour mot Élisabeth Borne sur Twitter: “rien ne doit freiner le combat pour la place des femmes dans notre société”. De quoi alimenter le malaise des troupes macronistes.

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Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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