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Législatives: Ces candidats RN prouvent que le parti n'en a pas fini avec la diabolisation

Affiche électorale de Marine Le Pen photographiée à Marseille (illustration) (Photo: NICOLAS TUCAT via AFP)
Affiche électorale de Marine Le Pen photographiée à Marseille (illustration) (Photo: NICOLAS TUCAT via AFP)

Affiche électorale de Marine Le Pen photographiée à Marseille (illustration) (Photo: NICOLAS TUCAT via AFP)

POLITIQUE - Réaction immédiate. Le Rassemblement national n’a pas attendu pour désinvestir Liliane Pradier, candidate aux élections législatives dans la 5e circonscription des Hauts-de-Seine. En cause, ses publications racistes sur les réseaux sociaux dévoilées par Quotidien mercredi 18 mai.

Parmi elles, une comparaison entre les supporters de l’équipe de football d’Algérie et des “singes de la préhistoire”, et une interrogation qui pourrait tomber sous le coup de la loi: “pourquoi n’attaque-t-on (sic) pas les mosquées le jour de leurs fêtes religieuses?”.

Des propos “inacceptables” selon le porte-parole du parti Laurent Jacobelli, plutôt embarrassé face à la journaliste de l’émission de Yann Barthès. C’était une “erreur manifeste”, a reconnu ce mercredi soir Marine Le Pen sur BFMTV.

En réagissant de manière rapide et ferme, son parti veut apparaître intransigeant sur le sujet, alors que les élections législatives de 2017 avaient (déjà) offert leur lot de candidats problématiques, comme l’avait révélé le site BuzzFeed à l’époque. Il était d’ailleurs déjà question de Liliane Pradier, épinglée pour avoir partagée une vidéo intitulée “le réseau pédophile de Macron viole les petits maghrébins”. Ce qui ne l’a pas empêchée d’être réinvestie temporairement cinq ans plus tard.

Or, si effectivement beaucoup de candidats RN affichent une vitrine policée sur les réseaux sociaux, d’autres continuent d’alimenter des pages qui ressemblent à un musée des horreurs. C’est le cas de Joelle Nambotin Gobbi, candidate dans la 5e circonscription de l’Ain. Sur sa page Facebook, celle qui a formellement déposé sa candidature le 17 mai en préfecture compte plusieurs publications à caractère raciste, antisémite ou complotiste.

En février 2016, elle partage une caricature montrant des femmes voilées et des hommes vêtus en tenues traditionnelles musulmanes faire la queue à Pôle Emploi, tout en s’étonnant de découvrir un travailleur balayer la rue. Un travailleur blond. En octobre de la même année, elle publie un dessin du même goût, dans lequel des migrants affirment “coloniser l’Europe au nom de l’Islam”.

Montage de quelques posts racistes publiés sur le compte d'une candidate RN aux législatives (Photo: montage Le HuffPost)
Montage de quelques posts racistes publiés sur le compte d'une candidate RN aux législatives (Photo: montage Le HuffPost)

Montage de quelques posts racistes publiés sur le compte d'une candidate RN aux législatives (Photo: montage Le HuffPost)

Soit la version, en dessin, de la théorie raciste du “grand remplacement”. Des publications de ce genre, Joelle Nambotin Gobbi les collectionne. En 2014, elle propose ce photomontage “trouvé sur Internet”. On y voit une tenue du Klux Klux Klan, avec ce commentaire: “si c’est ton droit de porter la burka, est-ce que je peux porter ça?”. De l’histoire ancienne? Pas vraiment, quatre ans plus tard, en 2018, elle partage une publication au sujet du banquier Jacob Rothschild qui cette fois penche vers le complotisme et l’antisémitisme.

Publication partagée par la candidate RN Joëlle Nambotin-Gobbi (Photo: Capture Facebook)
Publication partagée par la candidate RN Joëlle Nambotin-Gobbi (Photo: Capture Facebook)

Publication partagée par la candidate RN Joëlle Nambotin-Gobbi (Photo: Capture Facebook)

“C’est une représentation antisémite des plus classiques”, analyse pour Le HuffPost Valérie Igounet, historienne spécialiste du complotisme et de l’antisémitisme. “On a tous les codes liés au mythe du complot juif mondial, avec l’idée que la famille Rothschild dirige le monde via les banques et les médias, avec une allusion à la fake news de la ‘loi Rothschild’”, poursuit-elle. Un marronnier conspirationniste au sujet d’une loi votée sous Georges Pompidou qui aurait créé artificiellement la dette (ce qui est faux).

Malgré cette série de publications problématiques visibles sur son profil public, le Rassemblement national a décidé d’investir officiellement Joelle Nambotin Gobbi.

Chloroquine et présidentielle truquée

Tout comme le RN a investi Irène Protin dans la 3e circonscription d’Indre-et-Loire. Sur sa page Facebook, cette retraitée de l’Éducation nationale partage plusieurs contenus covido-sceptiques, entre un visuel aux relents antivax accusant l’industrie pharmaceutique et un autre vantant la choloroquine. On pourrait aussi citer Anna Martinese, candidate dans la 1ere circonscription de Charente, qui, au lendemain du deuxième tour, s’interrogeait d’un possible “trucage” de l’élection présidentielle, sur la base de l’erreur d’affichage commise par France 2. Dans une autre publication, l’ancienne patronne de bar partage un visuel insultant les électeurs d’Emmanuel Macron de “cons”. Une certaine vision de la démocratie.

Des profils parmi d’autres qui révèlent les difficultés éprouvés par le Rassemblement national de présenter des candidats sérieux et crédibles dans les 577 circonscriptions que compte le territoire. Un écueil que l’on a observé, sur une autre sujet, avec la première intervention laborieuse de Mélanie Fortier, candidate RN en Côte d’Or, qui n’a pas arrangé les procès en amateurisme faits au RN. Qu’il s’agisse de Liliane Pradier Joelle Nambotin Gobbi ou autres, le parti de Marine Le Pen est encore loin de la dédiabolisation qu’il affiche en vitrine.

À voir également sur Le HuffPost: Le naufrage de cette candidate RN aux législatives n’est pas passé inaperçu

Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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