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Législatives allemandes : plongée dans les bastions des grands partis

En bord de mer du Nord, la circonscription d'Aurich-Emden se distingue par son style néerlandais et son secteur de la pêche qui attirent les touristes. Mais c'est son industrie qui fait d'elle un bastion des Sociaux-Démocrates du SPD.

Un soutien ouvrier historique pour le SPD

"Ils ont gagné en popularité du fait du nombre important d'ouvriers dans la région dans les années 50, 60 et 70 et ce soutien s'est transmis de génération en génération," nous explique un habitant.

Le port maritime d'Emden joue un rôle central dans l'exportation des voitures fabriquées en Allemagne. Une partie d'entre elles sortent d'une usine Volkswagen implantée dans la région qui emploie environ 10.000 personnes. Bientôt, elle ne produira plus que des véhicules électriques. Nous rencontrons Johannes Saathoff, candidat dans cette circonscription pour le SPD qui lors des dernières législatives de 2017, avait recueilli la moitié des premiers votes locaux. Il nous précise : "Nous avons bon espoir qu'un site de production de batteries s'installe à Emden pour faire en sorte que les batteries soient fabriquées avec une empreinte neutre en carbone." Des investissements dans les énergies renouvelables, en particulier dans les éoliennes, créent également des emplois dans la région.

Dans une circonscription rurale, "la CDU, c'est tout ce qu'il nous faut"

Un peu plus au sud, la circonscription de Cloppenburg-Vechta est de son côté, ancrée dans la tradition et largement fidèle aux conservateurs chrétiens-démocrates de la CDU autant qu'à l'Église catholique. "De manière générale, la CDU, c'est tout ce qu'il nous faut ici : elle est chrétienne et sociale. Et c'est très important," résume un bénévole rencontré dans le local d'une banque alimentaire.

Depuis les années 60, l'essor de l'agriculture et le soutien à la CDU vont de pair sur place. Silke Diekhaus, une agricultrice, nous confie : "Comme actuellement, les gens changent de regard sur l'agriculture, je dirais que les temps sont vraiment durs pour nous." Son conjoint Sven Diekhaus renchérit :"Je trouve que la politique agricole des Verts est très idéologique, ils n'arriveront pas à nous nourrir tous à long terme."

Dans cette région isolée, les mesures en faveur du climat prennent un autre sens comme nous l'explique la candidate de la CDU dans la circonscription Silvia Breher qui avait recueilli près de 60% des premiers votes locaux en 2017. "Quand les gens de Berlin parlent des transports publics et de l'interdiction des moteurs thermiques d'ici à 2030," fait-elle remarquer, "les gens d'ici se disent : "C'est bien de faire quelque chose, mais, nous, on dépend vraiment de la voiture pour se déplacer, il nous faut d'autres solutions."

À Fribourg-en-Brisgau, les Verts révisent leurs fondamentaux

À Fribourg-en-Brisgau dans le sud-ouest de l'Allemagne, pourtant, la protection du climat est depuis longtemps, une priorité pour une large partie de l'électorat. "Historiquement, cela remonte au combat contre la construction d'une centrale nucléaire près d'ici, à Wyhl am Kaiserstuhl dans les années 70," raconte Chantal Kopf, candidate des écologistes dans la circonscription. "Cette préoccupation environnementale perdure, en particulier chez les jeunes avec le mouvement "Fridays for Future" qui est bien implanté dans la région et à Fribourg," ajoute-elle.

Nichée dans la Forêt noire, cette ville universitaire a été la première du pays à se doter d'un maire écologiste il y a près de vingt ans. Lors des législatives de 2017 dans cette circonscription, le candidat des Verts avait obtenu plus de 25% des votes et le parti lui-même plus de 21%. Le score de la formation avait alors atteint seulement 8,7% au plan national.

La municipalité mise depuis longtemps, sur le vélo avec des pistes prioritaires et l'habitat écologique comme dans l'écoquartier Vauban qui aujourd'hui, compte près de 6000 habitants dont 70% n'ont pas de voiture. "Les Verts se préoccupent des gens et des pauvres, ils ne sont pas arrogants," estime un résident du quartier, "ils pensent aux plus jeunes, aux enfants, à l'avenir et à la nature."

Mais pour les partis, même dans l'un de leurs bastions, le succès électoral n'est jamais acquis. Dans cette campagne serrée, ils doivent tenter de convaincre chacun des électeurs.