Publicité

Législatives 2022: une carte pour résumer le bazar des dissidences

Jean-Luc Mélenchon et la NUPES sont ceux qui doivent faire face au plus de dissidences.  (Photo: JULIEN DE ROSA via Getty Images)
Jean-Luc Mélenchon et la NUPES sont ceux qui doivent faire face au plus de dissidences. (Photo: JULIEN DE ROSA via Getty Images)

Jean-Luc Mélenchon et la NUPES sont ceux qui doivent faire face au plus de dissidences.  (Photo: JULIEN DE ROSA via Getty Images)

POLITIQUE - L’union fait la force, parait-il. Mais pour obtenir l’union aux législatives, passer en force n’est pas forcément une bonne solution. La confédération de la majorité présidentielle “Ensemble” et l’alliance des gauches NUPES le savent bien, eux qui ont tout fait pour présenter un candidat unique par circonscription et se retrouvent pourtant avec le plus de candidatures dissidentes.

Sur les 577 circonscriptions, Le HuffPost a identifié une cinquantaine de dissidences, toutes visibles dans notre carte ci-dessous. Cette liste, pensée pour être la plus complète possible, n’a pas la prétention d’être exhaustive.

Les aspirants députés ont jusqu’à ce vendredi 20 mai pour déposer leur candidature en préfecture, avant la publication de la liste officielle le lundi 23 mai. Avant cette échéance, une dizaine de candidatures dissidentes au sein de la majorité, et plus d’une trentaine à gauche ont émergé. Le chiffre définitif sera précisé lundi.

“Les candidatures dissidentes sont assez classiques et renvoient à la difficulté des partis politiques à poser une discipline partisane”, explique au HuffPost, Clément Desrumaux, maître de conférences en sciences politiques à l’Université Lyon 2. Les risques sont encore plus grands lorsqu’une coalition se crée, comme c’est le cas de la NUPES (LFI, PS, EELV, PCF)  et d’Ensemble (LREM, MoDem, Horizons, Territoires de progrès). À titre de comparaison, le Rassemblement national et Les Républicains qui font cavalier seul ne comptent à ce stade qu’une candidature dissidente chacun.

Interrogé sur ce sujet, le coordinateur LFI et député du Nord Adrien Quatennens a estimé le 10 mai sur Sud Radio qu’il s’agissait d’“un phénomène minoritaire”. Dans Le Mondela direction de LREM balaye aussi un “chiffre marginal”. Une cinquantaine sur près de 600, c’est effectivement peu. Mais certaines situations sont suffisamment cocasses pour être examinées de près.

Autant de dissidents PS que de circonscription en Dordogne

En Dordogne, Jean-Luc Mélenchon est arrivé troisième (20,3%) du premier tour de la présidentielle, derrière Marine Le Pen (25,7%) et Emmanuel Macron (23,7%). L’écart entre le candidat LFI et ses deux adversaires est faible. Assez en tout cas pour tenter une victoire à gauche aux législatives, à condition de rassembler toutes les sensibilités sous une seule bannière, celle de la NUPES.

De quoi encourager l’union pour les législatives? Bien au contraire. “Les dissidences sont plus importantes dans les circonscriptions qui sont jugées favorables à un parti. Si c’est une circonscription historiquement ancrée à gauche, le potentiel de victoire est important et cela attise les convoitises et donc les dissidences. Dans le meilleur des cas, il est possible de remporter la circo’, dans le pire des cas, il est possible de faire un score suffisant pour se faire rembourser ses dépenses de campagne”, explique Clément Desrumaux. La Dordogne en est l’illustration parfaite. 

La NUPES a investi un candidat dans chaque circonscription: trois issus de la France Insoumise et un de Génération.s (micro parti créé par Benoît Hamon après sa déroute de 2017). Mais au total, sur les quatre circonscriptions, il y a huit représentants de la gauche. Quatre de la NUPES et... quatre socialistes dissidents qui ont récemment reçu le soutien de l’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve: Floran Vadillo (1re circonscription), Christophe Cathus (2e), Martial Peyrouny (3e) et Christian Teillac (4e).

Unanimement, ils dénoncent l’exclusion des socialistes dans des territoires où le parti est pourtant bien implanté. Et se servent de leur ancrage local comme d’un argument pour justifier leur candidature dissidente. “L’union, c’était oui s’il y avait eu un équilibre, mais il n’y en a pas en Dordogne”, justifie Floran Vadillo, secrétaire national du PS à France bleu Région.

À Paris, dans la 15e circonscription, Lamia El Aaraje est sur la même ligne. La socialiste ne décolère pas depuis l’investiture de Danielle Simmonet (LFI): “Je suis la sortante [elle a été élue lors d’une législative partielle en 2021, avant que l’élection soit annulée, NDLR] quel est le sens de choisir une candidate qui a perdu en 2012 et 2017 dans une autre circo et qui a reperdu en 2021?” grince-t-elle dans Libération

LREM confronté à “des concurrences internes importantes”

Du côté d’Ensemble (LREM, MoDem et Horizons), les parachutages contre des sortants ont aussi suscité l’incompréhension. Exemple dans la 5e circonscription des Français de l’étranger, où Stéphane Vojetta s’est vu remplacer par Manuel Valls. Le député malheureux a décidé de rester dans la course, quitte à être exclu de LREM. Un autre exemple -sans doute le plus insolite- se trouve dans la 2e circonscription du Finistère. Le territoire est plus que gagnable, Emmanuel Macron y a devancé ses concurrents de plus de 10 points au premier tour de la présidentielle.

L’investiture a été accordée à Marc Coatanéa. Évincé, Jean-Charles Larsonneur, député sortant membre d’Agir entend bien lui faire concurrence. Bonus: Mikaël Cabon, militant LREM, envisage lui aussi de se présenter, à en croire ses déclarations au Télégramme. Une circonscription et trois candidats soutiens du président de la République.

Pour Clément Desrumaux, les dissidences au sein de la majorité s’expliquent en partie par la jeunesse du parti présidentiel et des hiérarchies locales encore à construire. “LREM est encore en train de s’institutionnaliser, explique-t-il. Et il y a en plus un regard important d’Emmanuel Macron et des cadres (les candidatures ont été passées au peigne fin par le président lui-même, NDLR), ce qui produit des concurrences internes importantes.” 

Dans les colonnes du Monde, des cadres d’En Marche minimisent l’impact électoral de ces candidatures éparpillées: il est “impossible” de se faire élire sans le soutien officiel du parti du président, selon eux. Au sein de la NUPES, on se garde bien d’une telle affirmation. Et le premier secrétaire du PS Olivier Faure hausse le ton vis-à-vis de ceux qui, comme la présidente de la Région Occitanie Carole Delga, soutiennent les dissidents. “Si un label commun est décidé ce soir, c’est un acte de fraction”, avait-il mis en garde avant une réunion organisée le 13 mai par les opposants à l’alliance, sous la houlette de la présidente de région.

À voir également sur Le HuffPost: À Besançon, le boulanger Stéphane Ravacley en campagne pour les législatives

Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

LIRE AUSSI: