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Législation renforcée contre la propagande fasciste en Italie

La Chambre des députés du Parlement italien a voté mardi un durcissement de la législation contre la propagande fasciste, plus de 70 ans après la mort du dictateur Benito Mussolini. /Photo d'archives/REUTERS/Alessandro Bianchi

ROME (Reuters) - La Chambre des députés du Parlement italien a voté mardi un durcissement de la législation contre la propagande fasciste, plus de 70 ans après la mort du dictateur Benito Mussolini. Les groupes de défense des droits de l'homme font état d'un racisme croissant en Italie face à l'arrivée en masse de migrants venus d'Afrique. La législation actuelle ne sanctionne la propagande fasciste que si elle est considérée comme faisant partie d'un plan pour faire renaître le Parti national fasciste fondé par Mussolini, au pouvoir en Italie de 1922 à 1943. Si le texte voté par la Chambre des députés est approuvé par le Sénat, la distribution d'objets et d'images fascistes ou nazies sera interdite ainsi que le salut romain exécuté le bras tendu face à soi. Les contrevenants encourent deux ans de prison. La peine pourra être alourdie de huit mois supplémentaires si les représentations prohibées sont distribuées via internet. Les partis d'opposition, et notamment le Mouvement 5 étoiles (M5S) de Beppe Grillo et le parti de droite Forza Italia de l'ancien président du Conseil Silvio Berlusconi, estiment que le texte est attentatoire à la liberté d'expression. Mais Emanuele Fiano, le député du Parti démocrate (PD) au pouvoir à l'origine du texte, récuse ces accusations et estime que la nouvelle loi "freinera le retour de l'idéologie d'extrême droite". Mussolini, allié d'Adolf Hitler pendant la Seconde Guerre mondiale, a été exécuté en 1945. Il est toujours admiré par un noyau de partisans de l'extrême droite. Des affiches fascistes apparaissent régulièrement sur les panneaux d'affichage des villes. La dernière en date est l'image stylisée d'une femme blanche agressée par un Noir musclé. "Défendez-la des nouveaux envahisseurs", dit l'affiche, lancée par le micro-parti Forza Nuova en référence à une affaire de viol qui a fait grand bruit le mois dernier. Quatre étrangers ont été accusés de viol en réunion contre une touriste polonaise. Plus de 600.000 migrants, principalement Africains, sont entrés en Italie ces quatre dernières années, ce qui a favorisé le développement d'un sentiment xénophobe dans le pays et l'influence des partis de droite et d'extrême droite tenants d'un contrôle strict aux frontières. Dans ce contexte politique tendu, le PD a été contraint mardi de reporter l'adoption d'un texte controversé qui visait à accorder la nationalité italienne aux enfants d'immigrants. (Crispian Balmer; Danielle Rouquié pour le service français)