"L'école n'en veut pas" : Samia témoigne du difficile combat pour scolariser sa fille autiste non-verbale

Aya, 12 ans, est déscolarisée de l'école publique depuis ses six ans. Elle a également dû quitter, en 2022, l'école privée pour autiste dans laquelle elle suivait des cours. Samia, sa mère, dénonce sur BFMTV le grave problème de scolarisation des jeunes en situation de handicap en France.

"Pour Aya, cela va être un jour comme les autres." L'adolescente de 12 ans, autiste non verbale, ne fera sa rentrée ni au sein d'un Institut Médico-Éducatif (IME), ni à l'école publique. "Il n'y a pas de rentrée pour elle", explique avec émotion Samia, sa mère, sur BFMTV, illustrant le grave problème de scolarisation des jeunes en situation de handicap en France.

La jeune fille est déscolarisée de l'école publique depuis ses six ans. "L'établissement public n'est pas adapté pour les enfants handicapés. Pour ma fille qui ne parle pas, elle ne rentre pas dans le moule. C'est compliqué", dénonce sa mère. Elle a également dû quitter, en 2022, l'école privée pour autiste dans laquelle elle suivait des cours :

"Mon enfant commençait à avoir des troubles du comportement. L'école privée nous a dit qu'elle ne pouvait plus la prendre en charge. On payait 70 euros la journée."

Samia souligne à quel point la situation est difficile à vivre pour Aya, qui "ne voit plus d'enfant, plus personne". "On a passé des mois compliqués, raconte-t-elle. On a enchaîné les crises, elle cassait tout à la maison. Elle est enfermée, on lui change son rythme, donc ça a été très difficile".

Depuis quelques années, elle ne travaille plus. Avec son mari, toute leur vie "tourne autour d'Aya". "Je n'ai plus de vie professionnelle, plus de vie sociale. Ma vie c'est l'autisme. Je ne sais pas où je trouve l'énergie de me battre. Je ne sais pas comment je fais pour me réveiller tous les jours et me dire que je dois continuer", explique-t-elle, avant de poursuivre :

"On ne s'adapte pas à cette situation. On n'a pas le choix. Sinon, tout s'écroule. Cette enfant n'a que nous, ses parents. L'école n'en veut pas. On fait comme peut."

Samia a envoyé plusieurs dossiers au sein d'IME, s'est rendue au sein de l'Agence régionale de santé (ARS) de sa région et a même écrit au président de la République. "Il m'a répondu qu'il avait écrit à l'ARS où je suis déjà allée et qui m'avait donné une liste des IME. Mais il n'y a pas de places, pas de moyens et pas assez de personnel formé", souligne-t-elle. La mère d'Aya reçoit "heureusement" l'aide d'une équipe d'un IME et de psychiatres. Si elle se sent soutenue, elle appelle à mettre "plus de moyens".

Des moyens, c'est ce que réclame l'Union nationale des associations de parents de personnes handicapées mentales (Unapei). Marie-Aude Torres Maguedano, la directrice exécutive de l'association, affirme qu'il y a à un manque de "volonté politique": "Il faut une décision d'allouer réellement des ressources humaines et financières, avec une vision large et ambitieuse."

Avant de poursuivre: "Clairement on n'est pas encore à l'école inclusive. Depuis six ans, on a des centaines et des centaines de témoignages de toute la France similaires à celui de Samia."

Dans un communiqué publié lundi, l'Unapei a annoncé relancer pour la sixième année consécutive sa campagne #JAIPASECOLE "pour que le droit à l'éducation de tous les enfants en situation de handicap soit enfin garanti". Elle déplore que "des milliers d’élèves en situation de handicap se verront refuser l’accès à une scolarisation adaptée, quel que soit leur lieu de scolarisation". Et appelle chacun et chacune à s'emparer de la campagne pour faire connaître les revendications et soutenir les démarches de l'association.

Article original publié sur BFMTV.com