Législatives. Une campagne électorale en Serbie à la mode d’Orwell

Législatives. Une campagne électorale en Serbie à la mode d’Orwell

Initialement prévu le 26 avril, le scrutin législatif aura bien lieu en Serbie le 21 juin, épidémie de Covid-19 oblige. Le président, Aleksandar Vucic, n’a pas tardé à inaugurer une campagne électorale d’un nouveau type.

Interdiction de rassemblement oblige, le président serbe, Aleksandar Vucic, apparaît seul dans un studio télé entouré d’une centaine d’écrans sur lesquels s’affichent des supporters de son Parti serbe du progrès (SNS, parti populiste), donné grand favori. Vucic leur parle de croissance, d’éducation, d’investissements et de tourisme comme si de rien n’était, interrompu par les applaudissements enthousiastes de ses supporters.

“Le Parti serbe du progrès a illustré à l’écran l’utopie négative d’Orwell”, titre Danas, qui relate les réactions au spectacle du président serbe.

“Dystopie, scène surréaliste renvoyant l’image d’un État idéal, imaginé dans le scénario de Vucic et au cours duquel les citoyens écoutent avec un grand dévouement les monologues interminables du président”, estime Pavle Grbovic, du Mouvement des citoyens serbes (opposition).

Pour Nikola Jovanovic, du Parti populaire (opposition), le but de cette vidéo était “d’impressionner les jeunes électeurs en leur montrant le parti du président de façon moderne et orientée vers le progrès”.

Une opposition très émiettée

Mais pour Bojan Klacar, du Centre pour les élections libres et la démocratie (Cesid), “Vucic est le premier à réagir dans les circonstances actuelles en s’appuyant sur les innovations numériques”. Et il recommande à l’opposition “d’utiliser davantage les supports numériques pour défendre sa cause, d’autant plus qu’elle est privée d’espace d’expression dans les grands médias”. La mainmise du parti du président serbe sur les médias, notamment la télévision, est évoquée par l’opposition comme étant la principale raison pour appeler au boycott des élections. Pour contourner ce boycott souhaité par une opposition très émiettée, Vucic a ramené le seuil d’éligibilité au Parlement à 3 %.

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