Le Kurdistan vend son pétrole au marché noir en passant par l'Iran
Le Kurdistan irakien vend son pétrole au marché noir en passant par l’Iran, selon un média indépendant local, preuves à l’appui.
Avec notre correspondant à Erbil, Théo Renaudon
La région autonome irakienne a perdu la main sur sa productions de pétrole au profit de Bagdad au printemps 2023. Officiellement, les exportations sont stoppées faute d’accord entre le pouvoir de Bagdad et la Turquie. Pourtant, sur une vidéo du média kurde indépendant Draw, on voit des centaines de camions citernes en file indienne pour passer un poste frontière iranien. Ces images sont difficiles à authentifier, mais elles n'étonnent pas les observateurs.
Au Kurdistan, le pétrole représente toute l’économie et le blocage des exportations provoque une très grave crise financière. Depuis le printemps, les fonctionnaires sont payés en retard ou travaillent carrément gratuitement. Les autorités semblent donc avoir fait le choix de passer par le marché noir afin de renflouer les caisses.
Agir ainsi est un savoir-faire kurde, selon le directeur du centre français de recherche sur l’Irak, Adel Bakawan : « De 1991 jusqu'à 2003, lorsque l'Irak était sous embargo, la région kurde a développé une tradition pour trouver une alternative à l'économie légale pour répondre aux besoins de la population ».
Depuis dimanche, des discussions sont en cours entre Bagdad et Erbil pour reprendre prochainement la production de pétrole au Kurdistan.