Kurdes et chiites se coordonnent à l'ouest de Mossoul

Des combattants chiites de l'Organisation Badr. Miliciens chiites et combattants kurdes sont convenus de coordonner leurs mouvements à l'ouest de Mossoul après l'encerclement de fait de la grande ville du nord de l'Irak, encore aux mains de l'organisation Etat islamique (EI). /Photo prise le 21 novembre 2016/REUTERS/Khalid al Mousily

par Isabel Coles ERBIL, Irak (Reuters) - Miliciens chiites et combattants kurdes sont convenus de coordonner leurs mouvements à l'ouest de Mossoul après l'encerclement de fait de la grande ville du nord de l'Irak, encore aux mains de l'organisation Etat islamique (EI). Un accord en ce sens a été conclu mercredi entre des commandants des peshmergas déployés à Sindjar, à l'ouest de Mossoul, et Hadi al Amin, chef de l'Organisation Badr, la plus forte composante Forces de mobilisation populaire (FMP, Hachid Chaabi), des chiites soutenus par l'Iran. "Al Amin est venu ici afin de se coordonner avec nous", a rapporté jeudi le maire de Sindjar, Mahma Xelil. "Cette coordination est nécessaire pour empêcher l'EI de déplacer son équipement et ses hommes", a-t-il ajouté. Les peshmergas ont repris Sindjar il y a un an. Une autre organisation soutenue par l'Iran, la Kataïb Hezbollah, a elle aussi eu une réunion avec des commandants peshmergas, selon la chaîne de télévision de ces miliciens. Mercredi, les miliciens chiites avaient annoncé avoir opéré la jonction avec les peshmergas à l'ouest de Mossoul, parachevant son encerclement, de même que celui de la ville de Tal Afar, à 60 km de là, non loin de la frontière syrienne. "L'association de ces forces réduit grandement la liberté de mouvement des insurgés de l'EI à l'intérieur et à l'extérieur de Mossoul. Ils avaient déjà perdu la capacité de se déplacer en grand nombre, mais à présent, cela va être encore plus difficile pour eux", a commenté le colonel américain John Dorrian, porte-parole à Bagdad de la coalition anti-EI mise en place par les Etats-Unis. Les accès nord, sud et est menant à Mossoul étaient déjà bloqués par les forces gouvernementales irakiennes et par les combattants kurdes. Les djihadistes de l'EI contrôlent toujours en revanche la route reliant Mossoul à Tal Afar et les en chasser est le prochain objectif des milices Hachid Chaabi. PEUR D'EXACTIONS DES MILICIENS Les combats autour de Tal Afar, ville à majorité turkmène, ont provoqué le départ de milliers d'habitants, ce qui inquiète les organisations d'aide humanitaire. Environ 3.000 familles, des sunnites, ont quitté la ville. L'arrivée des miliciens des Hachid Chaabi a effrayé la population sunnite. Les milices chiites ont été accusées d'avoir torturé des civils sunnites ailleurs en Irak cette année dans des secteurs qu'elles avaient aidé à reprendre. Aussi le Premier ministre irakien Haïdar al Abadi, qui s'est rendu jeudi sur la base aérienne de Tal Afar, au sud de la ville, s'est-il employé à dissiper leurs craintes. Les forces qui entreront dans Tal Afar pour la bataille finale refléteront par leur composition la diversité ethnique de la ville, a-t-il dit, selon la télévision publique irakienne. La bataille pour la reconquête de Mossoul, tombée aux mains de l'EI en juin 2014, est maintenant dans son deuxième mois. Face à l'offensive lancée le 17 octobre, avec le soutien d'une coalition conduite par les Etats-Unis, les combattants de l'EI ont progressivement évacué les zones autour de Mossoul pour se retrancher dans la ville, où les unités d'élite du Service de contre-terrorisme (CTS) sont entrées il y a trois semaines par le front Est. Plus de 68.000 personnes ont été déplacées vers des secteurs tenus par l'armée, selon une évaluation des Nations unies. Mais ce chiffre n'englobe pas les dizaines de milliers de personnes contraintes d'accompagner les djihadistes pour couvrir leur retraite en direction de Mossoul. Pas plus qu'il n'inclut les 3.000 familles ayant quitté Tal Afar. (avec Saif Hameed à Bagdad; Gilles Trequesser et Henri-Pierre André pour le service français)