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Kos, l’escale maudite des Syriens en exil

Des migrants sur l'île grecque de Kos, fin avril.

L’île grecque prisée des touristes, proche de Bodrum, en Turquie, est le point d’entrée de milliers de migrants dans l’Union européenne. Un transit payé au prix fort.

Les yeux rivés sur l’immensité du ciel bleu azur, Feras (1) exulte. «Je suis un homme en train de renaître ! Un oiseau libéré de la cage de la peur !» clame le trentenaire, qui ressemble vaguement à Johnny Depp. Il écarte les bras, embrassant la jetée au bout du port, là où se dresse la silhouette massive du Blue Star, le bateau qui assure chaque nuit les douze heures de liaison entre l’île grecque de Kos et Athènes. Dans quelques minutes, lui aussi va embarquer, rejoignant ainsi la file des touristes qui achèvent leur séjour sur l’île natale d’Hippocrate, père de la médecine dans l’Antiquité. Juste à côté du Blue Star, un autre bateau est à quai : un splendide navire pour croisière de luxe baptisé Agean Odyssee. Comme un clin d’œil involontaire aux Ulysse modernes, engagés dans un périple incertain et semé d’embûches, qui risquent leur vie en traversant la mer Egée. Comme Feras et tant d’autres.

A l’extrême pointe orientale de la Grèce, l’île de Kos se situe aux confins de l’Europe, juste en face des côtes turques. Du port, on distingue d’ailleurs bien l’autre rive et Bodrum, «le Saint-Tropez turc», d’où Feras est parti un soir pour gagner clandestinement la Grèce. Sans se retourner. Avec une certaine fébrilité, il griffonne un nom sur un bout de papier : Karpat Ghazal. Un village en Syrie. «Ce lieu n’existe plus, il a été rayé de la carte du monde. Treize membres de ma famille proche y ont péri le même jour, lorsqu’une bombe est tombée sur notre maison. Pourquoi veux-tu que je reste en Syrie ? Je n’y ai plus personne. Tout le pays n’est plus qu’une rivière de sang et de ruines», lâche dans un souffle ce jeune consultant en marketing, qui a étudié sept ans en Australie.

Depuis deux mois, des centaines de migrants clandestins débarquent chaque jour sur les plages de Kos, tous venus de Bodrum à bord (...)

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