"Kohlantess" à la prison de Fresnes: Ciotti dénonce "la faute" du ministère de la Justice

Eric Ciotti sur notre plateau ce lundi 22 août 2022.  - BFMTV
Eric Ciotti sur notre plateau ce lundi 22 août 2022. - BFMTV

"Ce n'est pas sérieux". Invité de Face-à-Face, le nouveau rendez-vous quotidien présenté par Apolline de Malherbe, Éric Ciotti ne décolère pas depuis la mise en ligne, vendredi, d'une vidéo tournée le 27 juillet à la prison de Fresnes dans le Val-de-Marne. On y voit surveillants et détenus s'y affronter dans une compétition ludique intitulée "Kohlantess", combinant des épreuves de karting, un quizz, des jeux aquatiques, dans un esprit inspiré du célèbre programme télévisé. Le cadre des Républicains a d'ailleurs demandé des comptes au garde des Sceaux.

Ciotti déplore une "hypocrisie chez le garde des Sceaux"

"Ces images ont choqué beaucoup de Français, de victimes", a d'abord assuré le parlementaire des Républicains, prolongeant: "J’imagine une personne agressée dont l’agresseur est à Fresnes et voit ces images avec une piscine… Ce n’est pas sérieux, c’est choquant. Ces images ne sont pas recevables."

Éric Ciotti a résumé la double mission qu'il assigne à la détention: "Une peine doit avoir un sens, c’est une punition. Elle doit avoir cette vocation sociale. Elle doit être réparation pour les victimes et leur famille et il y a cette dimension d’exemplarité".

Tandis que le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, a annoncé durant le week-end le lancement d'une enquête administrative pour faire la lumière sur ce "Kohlantess" devant la polémique naissante, le ministère de la Justice a concédé qu'il était informé de l'événement. Quant à la vidéo de la discorde, il semble bien qu'elle ait été validée par la direction de la communication du ministère selon nos informations.

Faut-il alors considérer que la Chancellerie est fautive? "Bien sûr qu’il y a une faute. Tout ça n’est pas responsable", a pointé Éric Ciotti, qui a encore fustigé une "forme d’hypocrisie dans le discours du garde des Sceaux".

"Soit il était informé, soit non", a-t-il souligné, observant: "On ne peut pas demander une enquête si le cabinet était au courant".

Une illustration du macronisme selon Éric Ciotti

Éric Ciotti a vu plus loin que le bout de la Place Vendôme. Pour lui, l'affaire concentre toutes les tares qu'il prête à l'Élysée voisin: "On fait des choses mais on prétend l’inverse. C’est le 'et en même temps' permanent".

"C’est l’impuissance d’un gouvernement à sanctionner ceux qui ne respectent pas la loi, à rendre la sanction dissuasive. Ces images ne donnent pas le sentiment d’une sanction dissuasive", a-t-il poursuivi.

Si Éric Ciotti a martelé que les prisons ne pouvaient pas être "un lieu festif", il a toutefois reconnu que leur "humanisation" était nécessaire. "Une téléréalité dans la cour d’une prison ça n’a rien à voir avec le travail de réinsertion que je ne remets pas en cause", a synthétisé le député.

Ses pistes pour améliorer la situation dans les prisons

Il a d'ailleurs livré les grandes lignes du travail de réinsertion qu'il appelle de ses voeux: "Ça passe par le travail, il faut un suivi, on manque de moyens". "L’administration pénitentiaire est le parent pauvre du ministère de la Justice", a déploré le parlementaire qui a même suggéré la création d'un ministère délégué ou d'un secrétariat d'Etat aux prisons. "On manque cruellement de places de prison", s'est de surcroît affligé Eric Ciotti, considérant qu'il s'agissait là d'une faillite supplémentaire de l'exécutif. Il a en effet recensé la construction d'un "peu moins de 2000 places" carcérales lors du premier quinquennat d'Emmanuel Macron, alors que ce dernier en avait promis 15.000.

Enfin, Éric Ciotti a jugé que la controverse invitait à s'interroger sur les dangers d'une possible confusion des genres: "Les droits des détenus doivent être préservés mais chacun ses vocations: les magistrats, les policiers, et les agents pénitentiaires ont les leurs."

Article original publié sur BFMTV.com