«Kiss and Cry», la valse des patins

Hautniveau. Premier long métrage de fiction de Lila Pinell et Chloé Mahieu sur le patinage artistique, milieu tyrannique où le corps adolescent décide de se rebeller.

Tout le monde aimerait qu’elles maigrissent. Enfin, tout le monde : la mère qui fait recracher le bonbon par la fenêtre de la voiture, l’entraîneur, Xavier, dont les prises de parole sont un florilège de vannes folles et méchantes («On ne peut pas sauter quand on est une bonbonne de gaz ! Tu finiras assistance de direction chez Vialis !»). Mais ça ne semble pas trop les atteindre, les filles de l’équipe de patinage. Elles ont mieux à faire, comme déconner en pyjama avec les copines, faire le mur pour aller embrasser un garçon, traîner à la fête foraine.

Motif. Malgré le long travelling latéral qui ouvre le film, et qui détaille les justaucorps à sequins et le fou rire d’une fin de compét au son d’une Marseillaise mal maîtrisée, Kiss and Cry ne fait pas de l’accomplissement sportif de ses personnages, incarnés par des non-comédiennes et patineuses de haut niveau à Colmar, un enjeu. Il saisit plutôt le moment d’émancipation rageur de l’adolescence en s’appuyant sur l’anthropologie d’un milieu circonscrit et bien réel, où le dressage de corps en plein développement, effrayant pour les adultes qui les entourent, peut trouver un motif et une excuse.

Lila Pinell et Chloé Mahieu, dont ceci est le premier long métrage de fiction, ont déjà réalisé ensemble trois documentaires (dont Nos Fiançailles, immersion dans les mœurs amoureuses des ultra-cathos), sur le mode du cinéma direct, sans entretiens ni voix off, et un court métrage de fiction qui s’intéressait déjà aux filles de Colmar, Bouclé Piqué (2012). De là l’impression de maîtrise qui se dégage du film, de ses images qui reprennent le grain documentaire et ce même principe d’intervention minimale. Le scénario, dont l’écriture a constamment changé au gré des accidents de parcours des unes et des hasards d’improvisation des autres, laisse une place à des (...) Lire la suite sur Liberation.fr

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