Kirghizistan: Le président reprend la main avec la nomination d'un nouveau PM

Kyrgyzstan's President Sooronbay Jeenbekov votes at parliamentary election in Bishkek

BICHKEK (Reuters) - Le président du Kirghizistan, Sooronbaï Jeenbekov, a consolidé son pouvoir samedi en limogeant plusieurs hauts responsables de la sécurité du pays et en plaçant de nouveau en détention son principal adversaire, l'ancien président Almazbek Atambayev, quelques jours seulement après sa sortie de prison.

Les partisans de Sooronbaï Jeenbekov ont de leur côté désigné un nouveau Premier ministre, Sadyr Japarov, mettant ainsi un terme à une période d'incertitude politique dans ce petit pays d'Asie centrale allié à la Russie.

Le Kirghizistan, qui héberge une base aérienne militaire russe et sert de plaque tournante pour le commerce avec la Chine voisine, est en proie à des troubles depuis le 4 octobre, date d'une élection contestée qui a ensuite été annulée.

Les parlementaires ont voté en faveur du seul candidat au poste de Premier ministre, Sadyr Zhaparov, 51 ans, que des membres de l'opposition accusent d'être de connivence avec le président.

Sooronbaï Jeenbekov a proclamé vendredi l'état d'urgence à Bichkek et ordonné à l'armée de rétablir l'ordre dans la capitale, après des affrontements en pleine rue entre partisans de camps politiques opposés.

Le président a également limogé des hauts responsables du Conseil de sécurité qui avaient soutenu ses opposants ou qui n'étaient pas intervenus lorsque l'opposition avait déclaré mardi qu'elle assumait désormais le pouvoir.

Plus de 1.200 personnes ont été blessées et une a été tuée dans des affrontements qui ont éclaté lundi après les élections législatives au cours desquelles les partis soutenant le pouvoir en place avaient remporté la veille une victoire écrasante.

Sorti de prison mardi, où il purgeait une longue peine de prison pour corruption, l'ancien président et opposant Almazbek Atambayev a été de nouveau arrêté pour incitation à la rébellion.

Avant sa nomination comme Premier ministre, Sadyr Japarov a appelé à des réformes institutionnelles avant la convocation de nouvelles élections législatives et présidentielle.

Il a déclaré au Parlement que le président Sooronbaï Jeenbekov avait confirmé son intention de démissionner une fois qu'un nouveau gouvernement serait formé.

Cette nouvelle crise politique au Kirghizistan met à l'épreuve l'influence du Kremlin sur l'ancien empire soviétique, déjà confronté au conflit entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan et à la révolte en Biélorussie.

(Olga Dzyubenko et Olzhas Auyezov, version française Jean-Michel Bélot, édité par Gwénaëlle Barzic)