Kim Jong-un va observer l'attitude des USA avant d'agir

Kim Jong-un va attendre d'observer l'attitude des Etats-Unis avant de prendre une décision sur d'éventuels tirs de missiles visant les environs de l'île de Guam, territoire américain dans le Pacifique. /Photo diffusée le 15 août 2017/REUTERS/KCNA

par Christine Kim et Idrees Ali SEOUL/WASHINGTON (Reuters) - Kim Jong-un va observer l'attitude des Etats-Unis avant de prendre une décision sur d'éventuels tirs de missiles visant les environs de l'île de Guam, territoire américain dans le Pacifique, a rapporté mardi l'agence de presse de Corée du Nord, KCNA. Pour sa première apparition publique depuis environ deux semaines, Kim Jong-un s'est rendu pour inspection auprès du commandement militaire nord-coréen lundi et il a examiné ce projet de tirs de missiles vers Guam, selon KCNA qui a diffusé plusieurs photos de sa visite. Engagée dans une escalade verbale avec les Etats-Unis, la Corée du Nord a exposé la semaine dernière un plan consistant à tirer quatre missiles qui achèveraient leur course dans l'océan Pacifique à proximité de Guam, à quelque 3.400 km au sud-est de Pyongyang. L'Armée populaire de Corée avait alors fait savoir que le projet serait soumis à Kim Jong-un dans l'attente de ses instructions. "(Kim Jong-un) a dit que si les Yankees persistaient dans leurs actions imprudentes extrêmement dangereuses sur la péninsule coréenne et ses environs, testant la retenue de la République populaire démocratique de Corée, cette dernière prendrait une décision importante comme elle l'a déjà proclamé", a écrit l'agence de presse officielle nord-coréenne. Le dirigeant nord-coréen a ordonné que l'armée se tienne constamment prête à tirer s'il devait prendre une décision en ce sens, a ajouté KCNA. Ce projet nord-coréen de tirs de missiles en direction de Guam a contribué à attiser les tensions avec les Etats-Unis, dont le président Donald Trump a promis d'abattre le "feu" et la "fureur" sur la Corée du Nord en cas d'initiative jugée menaçante par Washington. Après l'escalade verbale de la semaine dernière, des responsables américains mais aussi le président sud-coréen Moon Jae-in se sont efforcés depuis ce week-end de minimiser les risques d'un conflit imminent avec la Corée du Nord, qui cherche à se doter d'un arsenal nucléaire tout en développant un programme balistique. Moon Jae-in a assuré mardi qu'il n'y aurait pas d'initiative militaire sur la péninsule sans le consentement de la Corée du Sud. Son gouvernement "empêchera la guerre par tous les moyens", a-t-il dit. Le président sud-coréen s'exprimait à l'occasion de la journée de la Libération, l'une des rares fêtes célébrées aussi bien en Corée du Sud qu'en Corée du Nord pour commémorer la fin de l'occupation de la péninsule par le Japon (1910-1945). LES MANOEUVRES USA-CORÉE DU SUD APPROCHENT Kim Jong-un, cité mardi par KCNA, a invité les Etats-Unis à prendre la bonne décision afin d'"apaiser les tensions sur la péninsule coréenne et empêcher un affrontement militaire dangereux". La Corée du Nord dénonce notamment les manoeuvres militaires annuelles conjointes des Etats-Unis et de la Corée du Sud, qui doivent débuter le 21 août. Ces manoeuvres irritent aussi la Chine, seul appui de la Corée du Nord sur la scène internationale mais qui a voté le 5 août dernier une nouvelle résolution du Conseil de sécurité des Nations unies imposant des sanctions supplémentaires à la RPDC. "Les manoeuvres vont assurément provoquer davantage Pyongyang et il faut s'attendre à ce que Pyongyang ait une réaction plus radicale", est-il écrit mardi dans un éditorial du journal chinois Global Times. "Si la Corée du Sud veut vraiment qu'il n'y ait pas de guerre sur la péninsule coréenne, elle devrait essayer de stopper cet exercice militaire." La porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a espéré pour sa part que toutes les parties concernées s'appliqueraient à "éteindre les flammes de l'incendie" et s'abstiendraient d'ajouter de l'huile sur le feu par leurs actes ou par leurs déclarations. La situation inquiète aussi le Japon, dont le territoire serait survolé par un missile nord-coréen en cas de tir en direction de Guam. Shinzo Abe et Donald Trump ont eu un entretien téléphonique et ils sont convenus que leur priorité concernant la Corée du Nord était de faire tout leur possible pour mettre fin à ses tirs de missile, a déclaré mardi le Premier ministre japonais. Rendant compte de cette discussion téléphonique, la Maison blanche a rapporté de son côté que "le président Trump a réaffirmé que les Etats-Unis se tenaient prêts à défendre et à répondre à toute menace ou actions entreprises par la Corée du Nord contre les Etats-Unis ou ses alliés, la Corée du Sud et le Japon". Les ministres japonais de la Défense, Itsunori Onodera, et des Affaires étrangères, Taro Kono, vont se rendre à Washington pour y rencontrer jeudi leurs homologues américains, James Mattis et Rex Tillerson, et obtenir des Etats-Unis la confirmation de leur engagement à défendre le Japon, y compris via leur force de dissuasion nucléaire, a annoncé mardi le gouvernement japonais. En vertu du traité de sécurité signé en 1951, le Japon est protégé par le "parapluie nucléaire" américain. (Avec Soyoung Kim à Séoul, Tim Kelly à Tokyo, Ben Blanchard à Pékin; Bertrand Boucey et Henri-Pierre André pour le service français)