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Killing Eve : comment la série a réinventé les règles du jeu du chat et de la souris

Deux femmes. Eve est un agent du MI5, les services secrets britanniques. Villanelle est une tueuse. Lorsque leurs chemins s'entrecroisent, rien ne sera plus jamais pareil, pour l'une comme pour l'autre...

Killing Eve reprend une recette traditionnelle de nombreux thrillers qu'on a pu voir ces dernières années : celle du héros qui traque sans relâche son antagoniste, sa némésis, souvent au péril de sa santé mentale et de sa vie, autant poussé par conscience professionnelle que par fascination malsaine.

Dans Hannibal, le jeune profiler du FBI Will Graham joue au chat et à la souris avec le Dr Hannibal Lecter. Dans The Following, l'ancien agent du FBI Ryan Hardy reprend du service afin de retrouver le serial killer et gourou Joe Carroll. Dans Sherlock, le détective Sherlock Holmes ne cesse de se retrouver aux prises avec son ennemi de toujours, Jim Moriarty. Les exemples sont nombreux, mais cette fois-ci, la formule est différente, puisque le héros est une héroïne et sa Némésis est une serial killeuse. 

Dès le synopsis, le ton est donné : deux femmes. La série ne sera donc pas portée par un duo d'acteurs, mais par un duo d'actrices. Sandra Oh, dans le rôle de la brillante Eve, agent du MI5 se rêvant espionne. Jodie Comer, dans le rôle de la tout aussi brillante Villanelle, tueuse à gage de haute volée. Plus important encore, Killing Eve est dirigée par une autre femme, la créatrice, scénariste et actrice Phoebe Waller-Bridge (Fleabag, Crashing), qui apporte au show son humour noir so british.


La transposition d'une configuration héros versus antagoniste qu'on peut considérer comme habituelle, à deux personnages féminins, bien écrits, complexes, troublants et attachants, donne immédiatement à Killing Eve un souffle novateur. Et en transposant le modèle, Phoebe Waller-Bridge le déconstruit. Dès le pilote, on comprend qu'il s'agit en partie de montrer que raconter une histoire que d'aucuns qualifiraient de classique avec un autre point de vue suffit à dépoussiérer le concept.

La mise en scène est soignée, sans pour autant tomber dans quelque chose de trop stylisé ni tape-à-l'oeil. Le choix est fait de l'efficacité et le tout est orné d'une bande-originale où l'on n'entend presque que des voix féminines : celle de Jade Vincent, chanteuse du groupe Unloved, résonne à plusieurs reprises, et on entend aussi Françoise Hardy, Anna Karina ou Brigitte Bardot. Quant à la voix du chanteur de Cigarettes After Sex, dans l'épisode 2, elle pourrait tout aussi bien passer pour une voix féminine. 

Reste à voir si Killing Eve tiendra la distance sur les huit épisodes de sa première saison et sur la deuxième, qui a déjà été commandée, mais le pari est pour l'instant réussi et alors que la série ne fait que commencer, on en redemande déjà allègrement. 

"Xpectations", d'Unloved, extrait de la BO de Killing Eve :