Kiev veut que la CPI enquête sur la Crimée et le Donbass

Après un bombardement à Mariupol, dans l'est de l'Ukraine. L'Ukraine souhaite que la Cour pénale internationale (CPI) enquête sur des crimes de guerre présumés survenus en Crimée et dans l'est du pays, notamment à Mariupol en janvier. /Photo prise le 26 janvier 2015/REUTERS/Nikolai Ryabchenko

LA HAYE (Reuters) - L'Ukraine souhaite que la Cour pénale internationale (CPI) enquête sur des crimes de guerre présumés survenus en Crimée et dans l'est du pays, a déclaré vendredi le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Pavlo Klimkine. Kiev a déjà donné à la CPI l'autorité pour enquêter sur des crimes commis sur son territoire entre le 21 novembre 2013 et le 22 février 2014, la période de la "révolution Maïdan" qui a conduit à la chute du président Viktor Ianoukovitch, avant l'annexion de la Crimée par Moscou en mars 2014 et le début du conflit séparatiste dans l'Est le mois suivant. "Nous sommes très optimistes quant à un engagement bien plus poussé de la CPI", a déclaré à Reuters Pavlo Klimkine avant de rencontrer à La Haye le président et le procureur de la Cour. Une saisine de la CPI couvrirait "tout ce qui est sous son mandat, y compris les crimes contre l'humanité", a ajouté le ministre, prenant comme exemple de crime contre l'humanité un bombardement sur le port de Marioupol qui a coûté la vie à 30 civils en janvier. "Ce bombardement a tué en quelques secondes plus de 30 personnes et grièvement blessé 100 personnes", a-t-il dit. "Si vous bombardez délibérément et, j'insiste, délibérément des villes, en tuant des civils, cela n'a rien à voir (avec des opérations militaires) et nous devons en référer à la CPI." Les procureurs du tribunal de La Haye ont entamé une enquête préliminaire en avril 2014 à la demande des nouvelles autorités Kiev, pour vérifier notamment les accusations selon lesquelles les troupes de Ianoukovitch auraient tué plus de 100 manifestants à Kiev et dans d'autres villes. Les dates retenues pour l'enquête préliminaire excluent les affrontements qui se sont déroulés dans l'est du pays et en Crimée entre Russes et pro-russes d'une part et pro-Kiev d'autre part après le changement de gouvernement. Pour Alex Whiting, ancien procureur à la CPI, "les procureurs ont un peu temporisé parce que c'est compliqué de savoir s'il y a eu crimes de guerre". "Mais là (pour la Crimée et l'est de l'Ukraine), il y a de nombreuses allégations de crimes de guerre, voire de crimes contre l'humanité, et ce sera beaucoup plus difficile à ignorer." (Antony Deutsch et Thomas Escritt, Jean-Stéphane Brosse pour le service français)