Des journalistes occidentaux sanctionnés par Kiev
KIEV (Reuters) - Des dizaines de journalistes, occidentaux pour la plupart, ont été inscrits par Kiev sur une liste de personnalités visées par des sanctions imposées pour des raisons de sécurité nationale. Le président ukrainien, Petro Porochenko, a signé mercredi un décret visant plus de 900 personnes, après l'annonce de la date des élections que les séparatistes entendent organiser contre l'avis de Kiev. Parmi eux figurent 34 journalistes et sept blogueurs venant de pays comme la Grande-Bretagne, l'Allemagne, l'Espagne et la Bulgarie. La décision de Kiev de s'attaquer à des journalistes a provoqué de vives réactions, tant du côté des organisations de défense de la presse que de Moscou. "Le fait qu'il y ait autant de représentants des médias sur ces listes est bien sûr inacceptable", a dit Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin. "Cela ne correspond pas aux principes de liberté. Nous condamnons fermement cette décision." "Que le gouvernement apprécie ou non leur couverture des événements, étiqueter des journalistes comme une menace potentielle à la sécurité nationale n'est pas une réponse appropriée", a déclaré le Comité pour la protection des journalistes (CPJ). En vertu de l'accord de paix conclu à Minsk en février, des élections locales doivent avoir lieu sur l'ensemble du territoire, mais le gouvernement juge que le scrutin ne peut se tenir dans l'Est en raison de l'insécurité. Les séparatistes ont malgré tout l'intention de procéder à leur propre consultation et Alexandre Zakarchenko, Premier ministre de la république autoproclamée de Donetsk, a annoncé mercredi qu'elle aurait lieu le 18 octobre, une semaine avant le scrutin national. La république de Louhansk, également proclamée par les séparatistes, avait auparavant fixé l'échéance au 2 novembre. "Les dirigeants des prétendues RPD (République populaire de Donetsk et RPL (République populaire de Louhansk) ont annoncé leur décision, prise en accord avec la Fédération russe, d'organiser des élections illégales qui sont contraires aux accords de Minsk." "Cette décision risquée et irresponsable exige de nous une réaction ferme et coordonnée (...) comme la prolongation et l'extension des sanctions", a déclaré Petro Porochenko. La mesure vise des personnes morales et physiques "de Russie et d'autres pays impliqués dans l'annexion de la Crimée et l'agression dans le Donbass", précise-t-il sur le site internet de la présidence. (Alessandra Prentice, Jean-Philippe Lefief et Nicolas Delame pour le service français, édité par Jean-Stéphane Brosse)