Kiev exclut de négocier directement avec les rebelles

Le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk a exclu mercredi des négociations directes entre son gouvernement et les séparatistes pro-russes pour régler le conflit qui dure depuis six mois dans l'est de l'Ukraine. /Photo prise le 14 novembre 2014/REUTERS/Valentyn Ogirenko

KIEV (Reuters) - Le Premier ministre ukrainien a exclu mercredi des négociations directes entre son gouvernement et les séparatistes pro-russes pour régler le conflit qui dure depuis six mois dans l'est de l'Ukraine, rejetant un nouvel appel en ce sens formulé par la Russie. "Nous ne tiendrons pas de négociations directes avec les terroristes russes", a déclaré Arseni Iatseniouk s'exprimant lors d'une réunion du gouvernement et formulant lentement sa phrase en russe. Le Premier ministre ukrainien estime que Moscou, par ses appels répétés à une négociation directe, essaie de contraindre l'Ukraine à une reconnaissance des insurgés de la région du Donbass. Les Occidentaux et le gouvernement de Kiev reprochent à la Russie de déstabiliser l'Ukraine en soutenant financièrement les rebelles et en leur fournissant des armes et des hommes dans ce conflit qui a fait plus de 4.000 tués depuis le mois d'avril. Les autorités russes, a-t-il poursuivi, doivent cesser de "jouer au petit jeu consistant à légitimer des bandits et des terroristes". Iatseniouk a estimé que si la Russie souhaitait la paix, elle devait respecter l'accord de cessez-le-feu conclu à Minsk en septembre dernier et cesser de faire comme si les séparatistes allaient obtenir un statut légal. Cet accord conclu le 5 septembre dans la capitale biélorusse prévoit notamment un arrêt des combats dans l'est de l'Ukraine que doit contrôler l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (Osce). Dans les faits, ce cessez-le-feu n'est pas observé, des morts civils et militaires étant signalés tous les jours. EXPANSION IMPRUDENTE Une résolution du conflit demeure une hypothèse éloignée en raison d'importantes divergences de vue avec la Russie, a estimé le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, au lendemain de sa rencontre avec Vladimir Poutine à Moscou. "Nous sommes dans une situation où malheureusement nous sommes encore loin d'une désescalade du conflit et encore plus loin d'une solution politique", a commenté Steinmeier. Le ministre allemand, qui a rencontré son homologue polonais, a estimé qu'il faudrait attendre deux ou trois semaines pour savoir si ses entretiens avec Poutine ont été fructueux. Dans ce contexte d'accusations réciproques, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a qualifié le pouvoir en place à Kiev de "parti de la guerre". "Nous appelons à l'établissement de contacts stables entre Kiev et les représentants du Donbass dans le but de parvenir à des accords mutuellement acceptables", a dit Sergueï Lavrov devant la chambre basse du parlement russe. S'exprimant ensuite en compagnie de son homologue hongrois, le chef de la diplomatie russe a expliqué qu'un statut de neutralité pour l'Ukraine était la clé pour la sécurité et l'intérêt national de l'ancienne république soviétique. Selon lui, l'expansion "imprudente" de l'Otan constitue une erreur qui risque de mettre à mal la sécurité européenne. "Nous pensons, et nous avons discuté de cette question depuis le tout début de la période historique actuelle, que l'expansion incessante et imprudente de l'Otan est une erreur de nature à affaiblir la sécurité en Europe", a-t-il dit. (Natalia Zinets, avec Stephen Brown à Berlin et gabriela Baczysnka à Moscou,; Danielle Rouquié pour le service français)