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L'OSCE tente une médiation en Ukraine, Kiev parle de trêve

A Donetsk, devant des locaux du gouvernement régional, toujours aux mains des séparatistes pro-Kremlin. Le gouvernement ukrainien a annoncé samedi la suspension des opérations dans l'est du pays, où les séparatistes pro-russes ne montrent aucune volonté de reddition. /Photo prise le 19 avril 2014/REUTERS/Baz Ratner

par Alastair Macdonald et Aleksandar Vasovic KIEV/DONETSK (Reuters) - Un médiateur de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) s'est rendu samedi dans l'est de l'Ukraine pour tenter d'obtenir la reddition des séparatistes pro-russes en profitant de la trêve annoncée par le gouvernement ukrainien à l'occasion de Pâques. Les groupes armés qui occupent plusieurs bâtiments publics à Donetsk et dans d'autres villes proches de la frontière russe refusent de reconnaître l'accord conclu jeudi à Genève par lequel la Russie, l'Ukraine et les alliés occidentaux de Kiev confient à l'OSCE le soin de veiller au désarmement des activistes et à l'évacuation des édifices et des voies occupés. Mais il faudra sans doute plusieurs jours pour déterminer si cette tâche peut être menée à bien. La Russie, qui a annexé la Crimée le mois dernier, dément exercer la moindre autorité sur les séparatistes et vouloir envahir l'est de l'Ukraine. Les puissances occidentales, elles, menacent Moscou de nouvelles sanctions économiques si l'accord n'est pas appliqué. Ertogrul Apakan, qui dirige la mission spéciale de l'OSCE à Kiev, a déclaré que son adjoint rencontrerait dimanche à Donetsk des dirigeants séparatistes pour leur demander s'ils étaient prêts à se plier à l'accord de Genève. Après une réunion dans la capitale ukrainienne avec des diplomates des quatre parties ayant participé à la réunion de Genève, l'émissaire suisse Christian Schönenberger, dont le pays préside l'OSCE, a déclaré que ses inspecteurs avaient discuté avec plusieurs activistes, ajoutant: "Pour l'instant, la volonté politique de se retirer est absente." "C'est la tâche des inspecteurs de susciter cette volonté politique, d'informer les gens afin qu'ils parviennent à comprendre que se retirer est ce qu'ils ont de mieux à faire", a-t-il dit à la presse. TRÊVE PASCALE De son côté, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Andriy Dechtchitsia, qui avait mis en garde vendredi les protestataires pro-russes de l'Est contre de nouvelles "mesures concrètes" possibles la semaine prochaine en l'absence de désarmement, a déclaré que l'OSCE et les autorités locales allaient "mettre au point des mesures concrètes pour la mise en oeuvre de l'accord de Genève d'ici un jour ou deux". A Donetsk, des dirigeants séparatistes ont de nouveau réclamé un référendum qui pourrait ouvrir la voie à l'intégration de la région à la Fédération de Russie. Le gouvernement ukrainien, qui manque de forces militaires réellement opérationnelles, ne semble pas prêt à tenter de reprendre la dizaine d'hôtels de ville, de commissariats ou d'autres bâtiments publics pris ces deux dernières semaines par de petits groupes armés, en dépit de l'annonce d'une "opération antiterroriste". Le ministère des Affaires étrangères a de toute façon annoncé vendredi soir "la suspension de la phase active" de cette opération, le SBU, les services de sécurité, expliquant cette suspension par "la mise en oeuvre de l'accord de Genève et les fêtes de Pâques". "Une trêve pascale peut être un signe de bonne volonté, ou peut-être simplement celui de l'impuissance totale de Kiev", a déclaré l'un des hommes armés qui gardaient samedi le siège de l'administration régionale de Donetsk. "Si c'est de l'impuissance, alors nous avons gagné. S'ils sont prêts à nous provoquer, nous riposterons par la force." LAVROV "N'A RIEN SIGNÉ EN NOTRE NOM" Certains chefs de file du mouvement pro-russe ont relevé qu'ils ne se sentaient pas liés par la déclaration de Genève. Pour Denis Pouchiline, qui dirige l'autoproclamée "République populaire de Donetsk", le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, qui représentait Moscou jeudi à Genève, ne représente pas les contestataires. "Il n'a rien signé en notre nom", a-t-il dit. Sur le plan diplomatique, alors que les tensions entre la Russie et l'Alliance atlantique n'ont jamais été aussi vives depuis la fin de la Guerre froide, Vladimir Poutine a estimé samedi que rien n'empêchait une amélioration des relations entre la Russie et les pays occidentaux mais qu'il revenait à ces derniers de faire en sorte qu'elle se produise. Mais la Russie a aussi admis pour la première fois qu'elle avait déployé des renforts militaires à la frontière de l'Ukraine en raison de l'instabilité dans ce pays, et non pour participer à des manoeuvres de routine, ainsi que l'assurait Moscou jusqu'à présent. "Pardonnez-moi mais c'est un pays où vient tout juste de se produire un coup d'Etat militaire, il est donc naturel que tout pays prenne des mesures de précaution particulières afin de garantir sa sécurité", a ajouté Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, à la chaîne de télévision Rossiya-1 (avec Alissa de Carbonnel à Donetsk, Thomas Grove à Slaviansk, Pavel Polityuk à Kiev, Vladimir Soldatkin et Christian Lowe à Moscou; Bertrand Boucey et Henri-Pierre André pour le service français, édité par Marc Angrand)