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Kenya: quatre semaines de crise après une présidentielle contestée

Photo Par Simon Maina - La Cour suprême du Kenya a confirmé samedi l'élection de Uhuru Kenyatta à la présidence du pays le 4 mars dernier contestée par son rival Raila Odinga, au terme de quatre semaines de crise

La Cour suprême du Kenya a confirmé samedi l'élection de Uhuru Kenyatta à la présidence du pays le 4 mars dernier contestée par son rival Raila Odinga, au terme de quatre semaines de crise. 4 mars: élections au Kenya, les premières depuis le scrutin présidentiel contesté de décembre 2007 qui avait débouché sur des violences sans précédent (plus de 1.000 morts). L'élection présidentielle oppose essentiellement le Premier ministre Raila Odinga, battu en 2007, au vice-Premier ministre Uhuru Kenyatta, qui avait soutenu à l'époque le président sortant Mwai Kibaki, qui ne se représente pas cette année. 14,3 millions de Kényans doivent également élire une Assemblée, un Sénat, des gouverneurs et des élus locaux. La plupart des systèmes d'identification biométrique, destinés à prévenir toute fraude, tombent en panne une heure après le début du scrutin, marqué par une participation record. 5 mars: Nette avance pour Kenyatta, selon des résultats provisoires transmis depuis chaque bureau de vote par SMS sécurisé à la Commission électorale, qui les publie immédiatement. Mais ce système de transmission rend l'âme dans la nuit du 5 au 6 mars et la Commission électorale est contrainte de mettre un terme à la publication des résultats provisoires, censée écarter tout risque de manipulation des chiffres. 6 mars: le camp Kenyatta conteste une décision de la commission électorale d'inclure les très nombreux votes nuls - 6% des bulletins dépouillés selon les premiers résultats provisoires -, dans la base de calcul de la majorité absolue nécessaire pour l'emporter au premier tour. Après la défaillance du système de transmission électronique, le nombre de bulletins nuls recensés dans les résultats définitifs chute cependant brutalement, pour ne représenter que 0,88 % des bulletins au final. La commission électorale évoque une anomalie informatique initiale pour justifier cet écart. 7 mars: le camp Odinga qualifie de "trafiqués" les résultats toujours provisoires de l'élection et exige, en vain, l'arrêt des opérations de compilation desdits résultats. 9 mars: la commission électorale proclame Kenyatta élu avec 50,07% des voix, soit 8.000 bulletins au dessus de la barre des 50%. Odinga dénonce des "irrégularités massives", mais appelle ses partisans au calme en attendant le verdict de la Cour suprême qu'il va saisir. 11 mars: la Chine, à la suite de nombreux pays africains, félicite Kenyatta pour son élection. Les pays occidentaux s'abstiennent de le faire. 16 mars: Odinga, ainsi que plusieurs associations citoyennes, déposent des recours devant la Cour suprême. 18 mars: les avocats de M. Kenyatta demandent l'abandon des poursuites de la Cour pénale internationale (CPI) contre leur client, accusé de crimes contre l'humanité pour son implication présumée dans les violences de fin 2007-début 2008. La CPI vient en effet d'abandonner ses poursuites contre le co-accusé de M. Kenyatta, Francis Muthaura, faute de preuve. Le procureur de la CPI, Fatou Bensouda, assure cependant que M. Kenyatta sera jugé comme prévu à partir du 9 juillet. 25 mars: la Cour suprême du Kenya décide le recomptage de 22 bureaux de vote jugés particulièrement litigieux par le camp Odinga, au premier jour d'audience sur le fond, retransmise en direct à la télévision. 29 mars: clôture des audiences. Les avocats d'Odinga ont fait valoir des irrégularités dans la constitution de la liste électorale, la défaillance systématique des systèmes électroniques anti-fraude et des résultats très souvent altérés entre leur publication au niveau local puis national. Les avocats de la commission électorale évoquent de simples défaillances humaines, ponctuelles et ne remettant pas en cause le résultat final. 30 mars: la cour suprême confirme à l'unanimité l'élection de Kenyatta à l'issue d'un scrutin "libre, équitable, transparent et crédible". Odinga reconnait sa défaite au nom du respect des décisions de justice et de l'unité du pays.