A Kasserine, les jeunes diplômés perdent espoir

21 janvier 2016 : à 19h50, malgré le couvre feu de 18h, les cafés de Kasserine sont pleins. Tandis que la télévison tunisienne diffuse la première intervention du Président tunisien Béji Caïd Essebsi depuis le début des émeutes, les jeunes peut attentifs n'attendent plus grand chose du politique.

Tunisie. Cinq ans après la révolution, la mort d’un chômeur dans l’est du pays a relancé les affrontements entre les forces de l’ordre et une jeunesse laissée-pour-compte qui subit la menace jihadiste.

Hussein Gassoumi ouvre les portes de sa maison en chantier. Les murs sont constitués de parpaings empilés les uns sur les autres, sans enduit. Aucun revêtement n’est installé au sol, laissant passer l’air froid sous les portes, et les lits sont de simples sommiers métalliques. L’électricité ? «Quand j’ai de quoi payer la facture». L’eau courante ? Non, comme c’est la règle dans le quartier de Karma, situé dans le sud de Kasserine, à 300 km au sud de Tunis. C’est d’ici que sont parties les contestations - les plus importantes depuis la révolution - qui ont secoué une partie du pays la semaine dernière et ont amené le gouvernement à instaurer, vendredi, un couvre-feu national de 20 heures à 5 heures.

Gaz lacrymogènes périmés

Le 16 janvier, durant une manifestation contre le chômage, Ridha Yahyaoui, un chômeur diplômé de 28 ans, grimpe sur un pylône électrique en face du gouvernorat de Kasserine avec, apparemment, l’intention de se suicider. Il s’électrocute par accident et meurt le lendemain des suites de ses blessures. Une histoire macabre qui rappelle celle du marchand ambulant Mohamed Bouazizi, qui s’était immolé le 17 décembre 2010 à Sidi Bouzid, à 75 kilomètres à l’ouest de Kasserine, pour s’être vu retirer le droit de travailler. Son geste avait déclenché la révolution. Le décès de Ridha Yahyaoui a déclenché les dernières protestations. Et ce sont les jeunes du quartier de Karma qui sont en première ligne. A l’image de Haythem, l’un des deux fils de Hussein Gassoumi. «J’ai 25 ans et je n’ai rien à faire. Alors on fait comme en 2010, on prépare des cocktails Molotov la journée, et, le soir tombé, on se retrouve sur les ronds-points, là où il y a la police. Comme en 2010, aussi, les policiers utilisent des gaz lacrymogènes périmés. On ne cherche pas forcément (...)

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