Kamala Harris boudée par ces électorats, permettant la victoire de Donald Trump

Trump président, ces électorats qui ont boudé Kamala Harris (Photo de Kamala Harris lors de son discours de défaite le 6 novembre à Washington)
ANDREW HARNIK / Getty Images via AFP Trump président, ces électorats qui ont boudé Kamala Harris (Photo de Kamala Harris lors de son discours de défaite le 6 novembre à Washington)

ÉTATS-UNIS - Les sondages annonçaient un coude-à-coude très serré entre Donald Trump et Kamala Harris, donnant même une très légère avance à la démocrate. Il n’en a rien été : le républicain a battu sa rivale à plates coutures, dépassant son score de 2016 et remportant le vote populaire. Mais que s’est-il passé pour Kamala Harris ?

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Selon les sondages de sortie des urnes, il semblerait que certains électorats que l’on aurait pensés acquis à la démocrate ont préféré Trump… ou choisi de ne pas aller voter. Tout au long de sa campagne, Kamala Harris a misé sur les femmes et les minorités, mettant l’accent sur l’avortement et les droits humains. Mais elle a visiblement échoué à faire mouche.

Selon les chiffres de NBC News, 45 % des femmes ont voté pour le républicain, soit trois points de plus qu’en 2020. Si la part des électrices blanches et noires est stable par rapport à précédente élection, c’est surtout chez les femmes hispaniques que le républicain a fait une percée, 38 % d’entre elles le choisissant cette année contre 30 % en 2020.

« Il ne faut pas oublier qu’il y a beaucoup de femmes qui sont conservatrices sur les enjeux de société ou qui sont en faveur du libéralisme économique. Donc ce résultat-là n’est pas une grande surprise », souligne auprès du HuffPost Mathieu Gallard, directeur d’études chez Ipsos. La défense du droit à l’avortement par Harris n’a visiblement pas assez pesé dans la balance pour faire la différence auprès des électrices. Surtout face à la situation économique.

« L’inflation a joué un rôle important », constate Bernard Yaros, économiste pour Oxford Economics. Et, dit-il à l’AFP, même si elle « a ralenti, cela n’a semble-t-il pas profité au parti au pouvoir ». Pour Sylvie Laurent, enseignante à Sciences Po Paris, « les femmes ont la charge du budget de la famille, font les courses pour les repas. Les prix de l’alimentation ont augmenté de plus de 30% depuis 2020 (...). Harris n’a pas su répondre à cette situation ».

Dans le même temps, le fait que Donald Trump ait mis en sourdine sa rhétorique anti-IVG a pu brouiller ses positions là-dessus et amadouer les réticents. Selon l’agence de presse Reuters, parmi les électeurs qui estiment que l’avortement devrait être une procédure légale dans la plupart des cas, seuls 51 % ont soutenu Kamala Harris, contre 47 % pour Donald Trump.

Au-delà des seules femmes, l’ensemble de l’électorat hispanique a fait défaut à Kamala Harris, se prononçant à 46 % en faveur de Donald Trump, malgré ses sorties racistes ces dernières années. Une augmentation de 14 points par rapport à 2020.

Au final, Harris n’a eu que six points d’avance sur l’électorat latino, ce qui représente une forte baisse par rapport aux 33 points d’avance qu’avait Biden sur Trump en 2020, et aux 38 points de Clinton il y a huit ans.

Là aussi, on doit ce revirement à l’économie. Dans les sondages, les électeurs hispaniques ont principalement donné comme problème numéro 1 l’inflation et la hausse des coûts du logement et de la nourriture. Et ce n’est pas en gardant les démocrates au pouvoir qu’ils estimaient que cela pouvait changer.

Enfin, la question de l’immigration est également entrée en ligne de compte. Selon NBC News, l’électorat hispanique s’est positionné en faveur d’une répression plus stricte en la matière. Ceci notamment contre les grands groupes de personnes arrivant à la frontière et « qui ont mis à rude épreuve les ressources des communautés qui ont tenté de les héberger ». D’après un sondage de la chaîne réalisé en septembre, 35 % des hispaniques estiment l’immigration fait plus de mal que de bien. Du jamais vu depuis environ 20 ans d’enquêtes, est-il souligné.

Eux non plus n’ont pas voulu soutenir la candidate démocrate : les électeurs arabo-américains ont sanctionné Kamala Harris, selon les sondages. Cet électorat historiquement très favorable aux démocrates s’est démobilisé en raison de la position ambivalente de la vice-présidente sur le conflit à Gaza.

L’exemple le plus marquant est celui de Dearborn, dans le Michigan, à la périphérie de Détroit. La ville de 100 000 habitants est connue pour être celle où vit la plus grande communauté arabo-américaine, qui représente 40 % de la population arabo-américaine. Selon la presse locale, Trump y a recueilli 42,5 % des voix, contre 36 % pour Kamala Harris. Surtout, la candidate écologiste Jill Stein y a recueilli 18 % des suffrages, bien au-dessus de sa moyenne nationale.

Globalement, les Américains ont massivement rejeté la présidence Biden, et Kamala Harris s’est différenciée bien trop tard du président, particulièrement impopulaire sur l’économie et l’immigration et le soutien à Israël. « Selon moi, Kamala Harris paie le mécontentement de la population envers la situation économique et son incapacité à faire campagne sur des thèmes différents qui auraient pu amener des discussions sur d’autres sujets », souligne Mathieu Gallard.

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