La justice de Poutine dans un tribunal français

L'ancien champion d'échecs et figure de l'opposition russe Gary Kasparov venu apporter son soutien à la femme et la fille de kazakh Moukhtar Abliazov au tribunal de Lyon le 17 octobre 2014.

La salle de la chambre d’instruction de la cour d’appel de Lyon, où s’est déroulée, le 24 octobre, l’audience d’extradition de Moukhtar Abliazov, était certes beaucoup plus élégante que la salle d’audience minable de Moscou où une pâle imitation de la justice russe a été rendue à Mikhaïl Khodorkovski et aux Pussy Riot. Mais l’esprit de Vladimir Poutine était aussi manifestement présent à Lyon qu’à Moscou, et le résultat s’en est trouvé honteusement similaire.

Les juges de la cour de Lyon ont décidé d’extrader l’homme d’affaires kazakh persécuté vers la Russie, en présumant le respect du droit européen par les Russes au lieu de reconnaître la vérité pourtant flagrante qu’il n’y a de loi en Russie que celle de Poutine.

J’ai assisté à l’audience à Lyon, avec deux autres Russes qui ont personnellement vécu l’expérience du système judiciaire de Poutine, dans l’espoir de témoigner à quel point il était sans espoir qu’Abliazov puisse bénéficier d’un procès équitable à Moscou. Mais nous n’avons pas été autorisés à témoigner, et bien que je ne puisse me permettre de spéculer sur les intentions ou les motivations des juges lyonnais, cela constitue clairement un cas de corruption morale. C’est une insulte aux nombreux prisonniers politiques russes passés et présents de prétendre que les tribunaux russes agissent autrement que comme le bras armé de la dictature de Poutine.

Pour avoir commis le crime de soutenir l’opposition à un dictateur, en l’espèce, le puissant président kazakh, Noursoultan Nazarbaïev, Moukhtar Abliazov est persécuté depuis 2002 et bien au-delà des frontières de son pays natal. Noursoultan Nazarbaïev est au pouvoir depuis 1989 et n’a eu de cesse de combattre toute opposition ou critique à son règne. Au-delà des nombreux traits communs à tous les dictateurs, Nazarbaïev a quelques problèmes non résolus avec Poutine, et Abliazov représenterait une monnaie d’échange très utile dans ces jeux de pouvoir. Cette raison et le désir de soutirer son argent à Abliazov (...)

Lire la suite sur Liberation.fr

Moukhtar Abliazov, les fuites en avant
Micmac kazakh pour la justice française
La bénédiction du roi des Mossi, étape obligée de la transition
Egypte : deux policiers tués dans une explosion
Résister ou négocier ? Obama otage du Congrès