Le jus d'orange est menacé de disparition
Une bactérie ravage depuis une vingtaine d’années les vergers d’agrumes d’Asie, d’Amérique et d’Afrique. La maladie HLB est aujourd’hui aux portes de l’Europe. Les scientifiques préviennent : le jus d’orange pourrait bien disparaître de nos tables.
En ce début septembre 2024, Raphael Morillon va déposer auprès du programme européen de recherche et d’innovation Horizon Europe un projet portant sur la lutte contre le HLB. HLB ? L’acronyme est encore peu connu. Mais les trois lettres sont déjà responsables de la mort de millions d’orangers et de citronniers dans le monde et du doublement du prix d’un litre de jus d’orange en 2024. "Et il y a de quoi être très, très inquiet pour les années qui viennent", craint ce directeur de recherche du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad).
La "maladie du dragon jaune"
Le programme que Raphaël Morillon a tout d’une alerte générale. Il comprend 30 partenaires publics et privés de 14 pays de l’Union européenne et du pourtour méditerranéen, comme le Portugal, l’Espagne, l’Italie, Chypre mais aussi africains et orientaux comme Israël, le Maroc et la Tunisie. C’est que la maladie s’approche dangereusement du bassin méditerranéen, la dernière région agrumicole où elle était encore absente. Ses insectes vecteurs ont été signalés au Portugal, en Espagne, à Chypre et en Israël. Il n’y a à ce jour aucun remède contre ce fléau.
HLB signifie "Huanglongbing" autrefois incorrectement traduit "maladie du dragon jaune", mais qui signifie réellement "maladie des pousses jaunes" en chinois. Les Américains l’ont traduit en "citrus greening" (verdissement des agrumes) à cause des anomalies de couleurs constatées sur les fruits atteints quand elle est apparue chez eux près d’un siècle après que la maladie a été constatée en Asie, au début du 20e siècle. "C’est une maladie bactérienne qui est transmise par un insecte vecteur comme le paludisme ou le chikungunya chez l’humain", explique Patrick Ollitrault, généticien au Cirad. La maladie est causée par une bactérie du genre Candidatus Liberibacter.
Celle-ci colonise les vaisseaux conducteurs de la sève élaborée, le phloème, provoquant une réaction de défense de l’arbre excessive qui bouche les va[...]