Julien Creuzet, épris de maïs

Aux Rencontres d’Arles, le jeune artiste plasticien bouscule les héritages culturels dans une expérience poétique en réalité virtuelle.

Un chant hypnotique, crépitant, baptisé Maïs chaud Marlboro, s’échappe de la galerie Arena à Arles. A l’intérieur d’un espace monacal, trois drôles d’engins, sculptures et à la fois assises, d’un jaune vif et aux allures de vaisseaux futuristes, sont fixés au sol. Les réacteurs sont réalisés à partir de sacs de farine de maïs, eux-mêmes encapuchonnés dans des housses serties d’images imprimées - comme celle d’une main tenant des flocons de pop-corn. On peut s’asseoir sur ces «vaisseaux», enfiler un casque de VR (réalité virtuelle), et devenir le pilote d’une expérience immersive, voyageur d’un monde parallèle tout en pixels, dans lequel on peut croiser des ovnis aussi divers qu’un homme au visage de pipe à crack ou encore qu’une femme à tête olmèque qui danse sur Maïs chaud Marlboro. Et c’est alors que l’on pense aux refrains scandés à tue-tête encore aujourd’hui par les vendeurs de maïs à Barbès - «maïs chaud, maïs chaud» - et ceux de clopes - «Marlboro, Marlboro».

Jeune artiste né en 1986 au Blanc-Mesnil, Julien Creuzet s’est inspiré de ces rengaines absorbées dans le quartier du XVIIIe arrondissement de Paris pour chanter sa propre litanie entêtante. L’auteur s’intéresse ici à l’histoire et la circulation du maïs, de ses origines mésoaméricaines vieilles de dix mille ans à son importation en Europe jusqu’à sa consommation actuelle. Et il la digère dans une installation poétique, écosystème à plusieurs médiums (photographie, poésie, vidéo et autres matières diverses…), monde bigarré, lyrico-fantastique que l’on peut admirer en VR, immergé dans des compositions néodada combinant plusieurs matières : connexions filandreuses, tresses de métal enfilées dans des pipes à crack, images ensablées issues d’archives précolombiennes (statues et autres monuments) qui ne se révèlent qu’à demi. C’est une habitude pour le jeune homme - remarqué à (...)

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