«Tous les jours, je suis stupéfait de me voir vieillir»

Partagez-vous beaucoup de points communs avec Marcus, le héros d’Indignation ?

Le père de Marcus est boucher, un métier qui m’a toujours fasciné. C’est assez particulier pour un enfant d’être dans une boucherie et de voir l’étalage du sang, sur les comptoirs, les tabliers. Le père de mon meilleur ami quand j’étais jeune était boucher, et j’adorais aller le voir travailler. J’aimais la viande et le sang. Pour un gamin, cela évoque plein de choses interdites. Mais […] je suis allé dans une université assez semblable au Winesburg College de Marcus. […] Aller à l’université en Amérique dans les années 50, alors que se déroulait la guerre de Corée, c’était se retrouver dans un cadre très répressif. On ne le savait pas à l’époque, on le vivait.

Etiez-vous, comme Marcus, un «gentil garçon» ?

Oui, je crois. J’étais un bon étudiant, un bon garçon. Je n’ai jamais été arrêté. J’étais aussi curieux que Marcus sur le sexe, mais je n’y avais aucun accès. Les filles étaient enfermées dans des bâtiments, de leur côté. On ne pouvait presque pas les approcher.

Le sexe n’est jamais facile dans vos romans…

Dans les années 30, 40 et 50, le sexe était un combat.

La vieillesse est un de vos thèmes récurrents…

La vieillesse, c’est mon quotidien. J’essaie de raconter des histoires qui capturent ces sentiments de douleur et de stupeur que je ressens face à cet état. Tous les jours, je suis stupéfait de me voir vieillir. J’étais à Newark l’autre jour, dans le quartier où j’ai grandi, avec une équipe de télévision. Je suis retourné voir ma maison, mon école. Et je me souvenais de tout. Je pouvais dire qui vivait dans quelle maison, quelle était leur voiture… Le passé est toujours là. C’est très bizarre de ne pas pouvoir arrêter l’horloge du temps et de devenir vieux.

Vous travaillez tous les jours ?

Oui. Je partage mon temps entre ma maison dans le Connecticut et mon appartement à New York, où je passe l’hiver. Dans le Connecticut, je me lève le matin, je fais un peu de gym et je vais (...)

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