Journée mondiale de l'AVC : "J’ai fait un AVC car j’avais une malformation cardiaque congénitale"

Le 29 octobre, à l’occasion de la Journée mondiale de l’AVC, Margot Turcat veut sensibiliser les jeunes à l’accident vasculaire cérébral. Une maladie qui ne touche pas que des personnes avec des comorbidités.

Toutes les quatre minutes, une personne fait un accident vasculaire cérébral. Un Français sur six aura un AVC au cours de sa vie. Si le quart des AVC concerne des personnes de moins de 65 ans, la moitié des personnes de 65 à 84 ans et un autre quart, des personnes d’au moins 85 ans, il est également possible d’en faire un quand on est jeune. A l’image de Margot Turcat, professeure d’arts plastiques et autrice de "Mon petit AVC" (éd. Larousse) et du compte Instagram du même nom.

En 2018, à 33 ans, la jeune bordelaise a été victime d’un AVC. Tout à débuté le 17 novembre 2018 avec une sensation de malaise généralisé. Car oui l’accident vasculaire cérébral peut s’inviter dans la vie de n’importe qui, à n’importe quel moment. "Dans ma famille, il y avait des cas d’AVC. Grâce à mon travail, j’ai été formée sur les gestes de premiers secours. Quand les premiers symptômes se sont manifestés, j’ai rapidement compris ce qu’il m’arrivait", se souvient la trentenaire. Mais elle ne voulait pas y croire – et les secours non plus en raison de son jeune âge. D’autant plus qu’elle n’avait pas de facteurs de risque. Une prise en charge tardive a d'ailleurs favorisé l’apparition et la persistance de séquelles.

Vidéo. Margot Turcat parle du tabou de la défécation chez les patients victimes d'un AVC

De nombreuses séquelles

En effet, une meilleure connaissance des gestes de premiers secours permettrait de limiter les séquelles chez les patients. Trois ans après, Margot est aphasique, elle souffre de troubles du langage, de troubles cognitifs, d’un bégaiement d’ordre neurologique, de douleurs, etc. A certains moment – par exemple lors d’une importante fatigue – elle souffre également de crise de mutisme où son cerveau se met en "mode off". Autant de séquelles qui rendent compliqué une reprise professionnelle. "Dans les médias, cette maladie n’est pas très visible. Pas très glamour, ce n’est pas un sujet médiatique. Pourtant, le regard des gens après un AVC et c’est important d’en parler", assure Margot Turcat. Aujourd’hui, elle souffre de séquelles et d’un handicap invisible qui suscite parfois l’incompréhension de la société.

La jeune femme regrette également les tabous qui entourent certains aspects de sa nouvelle vie. En effet, elle souffre de violentes douleurs au ventre et de problèmes pour se rendre aux toilettes. "Il existe un tabou en ce qui concerne la défécation et l’urine alors qu’on est tous fait pareil et qu’on a tous besoin d’aller aux toilettes. On estime que 60% des patients post-AVC risquent de faire une dépression dans les mois ou les années qui suivent". Pour elle, le regard des autres est violent concernant le post-AVC.

Vidéo. "J'ai fait un AVC à cause d'une malformation. Cette anomalie touche 35% de la population"

Une malformation cardiaque

En France, l’AVC représente pourtant la première cause de mortalité féminine. "J’ai fait un AVC car j’avais une malformation cardiaque congénitale dont je n’avais pas connaissance, elle touche 35% de la population mondiale, c’est donc assez commun", explique Margot. Précisément, il s’agit d’un foramen ovale perméable (FOP). Il existe une communication entre les deux oreillettes du cœur du fœtus permettant l’apport de sang oxygéné via la mère. S’il se referme à la naissance, il demeure à vie chez certaines personnes. Si la plupart des personnes ne sont même au courant qu’elles ont cette malformation, chez d’autres personnes elle peut favoriser la survenue d’un AVC. Depuis, la jeune femme a été opérée.

Vidéo. "Quand vous avez ces signaux d'alerte, il faut immédiatement composer le 15 ou le 112"

Maman d’un petit garçon d’un an au moment de son AVC, elle a posé tout son parcours de rééducation sur papier pour ne rien oublier. "Depuis février 2019, je dessine toute ce qui m’arrive pour laisser une trace pour mon fils. Comme je ne pouvais pas parler, j’ai décidé de dessiner. J’ai ensuite publié tous les croquis sur Instagram pour expliquer aussi à mes proches et ma famille ce que je traversais", explique l’auteure de la bande-dessinée "Mon petit AVC" publiée aux éditions Larousse. Des dessins rapidement relayés sur les réseaux sociaux puis repérés par Larousse. Pour elle, cette bande-dessinée doit aider à sensibiliser le grand public sur l’AVC et sa possible survenue chez les jeunes. Aujourd’hui, trop peu de personnes savent reconnaître un AVC quand il arrive et sont informées des gestes de premiers secours. Vertige, maux de tête, faiblesse musculaire, difficultés à parler, visage asymétrique, autant de signes évocateurs qui doivent pousser à rapidement alerter les secours au 15 ou au 112.